« Si l’émergence ou la résurgence de maladies ne sont pas des phénomènes nouveaux, l’amplitude géographique, la vitesse de diffusion et la gravité des pathologies posent aujourd’hui des questions et des enjeux inédits », déclare Fabienne Keller, sénatrice (UMP) du Bas-Rhin (Alsace). En juillet prochain, elle remettra son rapport sur « les nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes » réalisé au nom de la délégation à la prospective de la Haute assemblée. « Prendre conscience de ces menaces liées aux catastrophes sanitaires est un premier pas pour anticiper les mesures qu’il faudrait faire pour éviter le pire », estime Fabienne Keller. Ce travail « d’anticipation politique » s’inscrit dans le prolongement de trois rapports parlementaires : celui de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la campagne de vaccination contre la grippe A (2010) puis ceux de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur « les risques épidémiques et biologiques »(2005) et sur l’action des pouvoirs publics face à la grippe A et aux mutations de virus (2010). « L’une des priorités de ma mission est de tenir compte des expériences de prévention des nouvelles menaces infectieuses émergentes dans le monde afin de préciser les leviers disponibles » pour « renforcer notre stratégie sanitaire de demain », indique la sénatrice du Bas-Rhin.
Différents scenarii.
« L’idée est de travailler sur des scenarii de développement de pandémie » à un horizon de 20 ans, en fonction de diverses variables : gravité des maladies émergentes, connaissances scientifiques de ces pathologies émergentes, articulation des fonctions de recherche, d’expertise, d’évaluation et de gestion des risques, vulnérabilités des systèmes de soins, changements environnementaux…
Depuis juin 2011, Fabienne Keller a mené de nombreuses auditions auprès d’organismes institutionnels, ONG, associations, fondations, professionnels de santé, etc. Plusieurs comptes rendus d’auditions sont consultables sur un blog du Sénat spécifiquement créé pour faire état des avancées de ce travail parlementaire. Il permet à tout un chacun d’intervenir et de faire connaître ses réflexions avant et après la publication du rapport.
Auditionnée le 9 mai dernier par Fabienne Keller, le Dr Françoise Weber, directrice générale de l’institut de veille sanitaire (InVS) fait remarquer que les émergences restent très difficiles à prévoir. « Il existe à ce jour 600 arbovirus susceptibles de provoquer des épidémies, et rien ne permet de savoir lequel pourrait prochainement émerger et constituer une menace », explique-t-elle. « Chaque maladie infectieuse émergente suscite des perceptions différentes de la part du public », ajoute la directrice générale de l’InVS. Cette perception étant en fait « conditionnée par un contexte social et médiatique donné qui produit une échelle de perception des risques propre à chaque type de pandémie ».
Table ronde le 24 mai.
Une chose est entendue, « les résultats d’une campagne de lutte contre une maladie infectieuse émergente dépendent en grande partie de l’adhésion de la population », laquelle « apparaît très étroitement liée à la position des professionnels de santé ». Le 24 mai prochain, la délégation sénatoriale à la prospective organise au Palais du Luxembourg trois tables rondes qui réuniront la plupart des personnalités auditionnées par Fabienne Keller (participation gratuite sur inscription). Ces débats seront retransmis en direct sur le site Internet du Sénat et figureront dans le rapport de la sénatrice à paraître cet été.
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