L’antibiorésistance et ses menaces sont prises en compte avec le plus grand sérieux par le CDC Américain (Center for Diseases Control). Le rapport publié à l’initiative des centres du CDC, « Antibiotic Resistance Threats in the United States 2013 », donne une image instantanée de ce problème complexe « et des conséquences potentiellement catastrophiques de l’inaction ».
Le rapport ne porte que sur les cas d’infections traitées dans les hôpitaux. Le CDC estime qu’aux États-Unis plus de 2 millions de personnes sont touchées chaque année par une pathologie due à une infection résistante aux antibiotiques, avec environ 23 000 décès. Le but du rapport est d’améliorer la connaissance et la prise de conscience des menaces qui y sont associées mais aussi « d’encourager l’action immédiate. »
Les recommandations habituelles sont rappelées : éviter d’utiliser trop largement les antibiotiques, et même de les utiliser tout court, lorsque l’on se trouve dans une situation qui ne le nécessite pas, comme une infection virale.
Dans la moitié des cas présentés dans le rapport, l’usage d’un antibiotique n’était pas nécessaire. « Si nous ne faisons pas attention, nous nous retrouverons bientôt dans l’ère post-antibiotiques », a insisté le directeur des CDC, Tom Frieden, ce qui, selon lui, est déjà une réalité dans certaines situations et pour certains germes. « Perdre des traitements efficaces contre certains pathogènes ne sape pas seulement notre capacité à lutter contre des infections routinières, mais aussi contre des complications graves pouvant être critiques pour certaines personnes atteintes d’autres problèmes médicaux », a-t-il ajouté.
D’urgents à préoccupants
Les 18 germes traités dans le rapport ont été classés selon l’importance du problème qu’ils représentent : urgents (Clostridium difficile, entérobactéries résistantes aux carbapénèmes, Neisseria gonorrhea résistantes…), sérieux (Campylobacter, Candida, entérocoques résistants à la vancomycine…) et préoccupants (Staphylocoques résistants à la vancomycine, streptocoques B résistants à la vancomycine ou à la clindamycine). Pour cela, les auteurs ont tenu compte de 7 critères : les conséquences sur la santé, l’impact économique, la prévalence de l’infection, l’estimation de sa fréquence dans les dix ans à venir, la transmissibilité du germe, le nombre d’antibiotiques disponibles, les moyens en terme de prévention.
Le Clostridium difficile, qui frappe surtout les personnes âgées, entraîne 250 000 hospitalisations par an et provoque 14 000 décès.
Il y a actuellement 800 000 cas d’infections à gonocoques aux États-Unis, dont une proportion croissante est résistante à tous les antibiotiques disponibles.
Les résistances virales, comme celle du VIH aux antirétroviraux, ou des virus influenza, ne sont pas abordées dans ce rapport.
La résistance aux antibiotiques est un problème international. Le document peut servir de référence pour quiconque est à la recherche d’informations sur la résistance aux antibiotiques. Et « il est destiné à être accessible à un public élargi. »
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