Je vous écris ce jour suite à une situation dramatique que je viens de vivre et à titre informatif car je sais très bien que cela restera sans suite. Depuis plusieurs mois, j'essaie de contacter en vain des médecins du conseil départemental de l'ordre du 93. Je vous ai à cet égard demandé conseil : vous m'aviez dit de me rapprocher d'eux (bien sûr sans succès). Mes questions sont restées sans réponse et aucun membre du conseil départemental ne m'a reçu ni même appelé. Tout cela est-il bien confraternel ?
J'en suis sincèrement désolé car, après avoir pris bien en compte la sanction infligée, de bonne foi, j'ai tenté de trouver des solutions à ma situation professionnelle. Mon avocat conseil est même intervenu auprès du conseil départemental du 93 qui a répondu qu'il fallait préciser mes questions pour trouver le bon interlocuteur ! Ce que j'ai fait par courrier… Mais toujours sans aucune réponse.
Comme si je n'existais plus...
De la même manière, les médecins-conseils de la Sécurité sociale ne me répondent toujours pas quant aux cas pratiques – ALD, RIAP, arrêts, stats etc.- malgré plusieurs relances. Je suis très peiné par cette situation. D'autant plus que certains confrères de ma ville n'ont eu aucun problème pour avoir ces entretiens tout à fait confraternels avec ces médecins, ce qui prouve une certaine méprise vis-à-vis de moi. Comme si je n'existais plus dans le paysage médical du 93.
Par ailleurs, j'étais en relation avec deux personnes du service les professionnels de santé du 93 qui répondaient (parfois) à quelques-unes de mes questions d'impayés et sur la pratique du terrain. Et cela fait plusieurs semaines que tous mes mails restent eux aussi sans réponse. C'est aussi un problème énorme de gestion et de travail supplémentaire à mon activité.
Je reviens à la situation que j'ai vécue le jeudi 29 novembre 2018 à mon cabinet situé à Romainville (93). À 7 h 30 du matin, deux individus venus consulter en dehors des horaires m'ont demandé de les recevoir pour un problème a priori dentaire. Je leur ai gentiment indiqué qu'il fallait venir aux heures de consultations libres ou aller se présenter aux urgences. À 8 h 15, les mêmes sont revenus en faisant irruption dans mon cabinet, en colère, pour me tabasser et me braquer.
Pendant ces quelques minutes, j'ai vécu un enfer et vu la mort de très près pour un RV non donné et une consultation non faite. J'ai été très sévèrement touché physiquement et psychologiquement ; et cette situation m'angoisse énormément. Cela fait 20 ans que je vis au quotidien cette pression de la part des patients, mais jamais avec une telle violence et de telles conséquences.
Je constate que le Conseil de l'Ordre souhaite que l'on essaie d'éduquer nos patients, de maîtriser notre nombre d'actes, mais voilà ce qui arrive lorsque l'on tente de le faire. J'ai voulu entretenir des relations saines et confraternelles avec les membres de l'Ordre mais je n'ose imaginer leur réaction après cet épisode. Ils diront sans doute (comme précédemment) que tout cela est de ma faute, que je n'ai que ce que je mérite, que j'ai certainement mis en scène tout cela. Leur réponse officielle, s’il y en a une, sera un soutien avec quelques mots anodins, comme à l'accoutumée.
Cassé de partout
J'ai été cassé de partout et mis en arrêt de travail mais, pour des raisons que vous comprendrez peut-être, il est hors de question de laisser les patients sans soins, sans médecin, parce que vous savez très bien qu'ils vont aller submerger les urgences qui vont nous les renvoyer ou que -sans prendre de risque- les autres médecins des CMS ou autres ne vont pas les recevoir .
J'aurais bien sûr pu et dû m'arrêter et recevoir tranquillement mes indemnités. Mais la solution au problème est d'assurer une certaine continuité de soins… qu'on me reprochera certainement ultérieurement. J'exerce seul avec une secrétaire, avec accès immédiat au cabinet contrairement aux urgences ou au CMS où il y a plusieurs barrages avant d'arriver au médecin concerné ; ce qui les protège mieux.
Ce que je vous dis ne restera qu'à titre informatif dans vos statistiques, car je sais que, comme auparavant, vous ne tiendrez jamais compte de mes remarques. J'informe le ministère de la Santé, les autorités publiques, les médias, les confrères et la population qui, je l'espère, réagiront différemment, car je ne fais pas ce métier pour me faire lyncher, humilier et voir la mort d'aussi près. Il est évident que je gêne certains confrères mais bientôt lorsque je serai mort, tué par des patients ou autres sur le terrain, vous ne m'aurez plus dans le paysage médical du 93 comme souhaité… Trop, c'est trop !
Au moment où je clos cette lettre, je reçois du Conseil national un simple mail d'une ligne, accompagné d'un long questionnaire pour leurs statistiques. En revanche, pas un mail, ni un appel du conseil Départemental 93. Ah, pardon, il m'a bien adressé un mail… pour me demander si je serai présent à mon poste pour la fin d'année !
Néanmoins, je ne quitte pas le navire, car j'aime ce que je fais et j'aime mes patients qui ont besoin de moi.
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