Courrier des lecteurs

PDSA : urgence et urgences ! Scène de la vie ordinaire d’un généraliste « encore » volontaire

Publié le 30/03/2017
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Le 24 février dernier, j’étais déjà couché, à 23 heures 30 mon portable sonne :

– Bonsoir, je suis le médecin urgentiste de la régulation…

– Heu… ?

– Vous devez vous rendre à Saint-Martory pour une visite… c’est au 32, rue du Centre, un immeuble, au premier étage…

– Mais… En principe, la règle est que les patients doivent venir au cabinet…

– Impossible !

– Mais pourquoi ?

– Il est mort !

– Ah bon… !…  ça ne peut pas attendre demain ?

– Non, c’est un acte médico-légal : vous devez y aller !

– Bon, bon, j’y vais… « Quod principi placuit legis habet vigorem ! »*

J’arrive à la maison de retraite. Les deux veilleuses éberluées :

– Voir un médecin la nuit pour ça, ça n’arrive jamais !

Je fais mon travail : le présent défunt est bien mort. À 97 ans. Mort naturelle.

– Vous avez prévenu la famille ?

Les deux veilleuses en chœur :

– Ah non ! La famille ne veut pas être dérangée la nuit !

Moralité :

Pourquoi être si pressé mon ami ?

Réfléchis :

Quand la vie t’aura quitté, t’auras tout ton temps ! Heureusement…

Pour ton enterrement, pas sûr d’avoir un ministre du culte à disposition,

Pour une incinération, c’est devenu maintenant très très long !

Mais une fois au paradis, là… tu le sais : ad vitam aeternam !

Il y a URGENCE et URGENCES !

À chacun son point de vue, je pense ;

Quand la régulation t’appellera, prend ton temps,

Réfléchis :

En démocratie la majorité des voix l’emportant,

Tu aurais dû, dans ce cas, logiquement,

Rester au lit !

*« Ce qui plaît au Prince a force de loi ! »

Dr Jacques Emile, Salies du Salat (31)

Source : Le Quotidien du médecin: 9568