DE NOTRE CORRESPONDANTE
« UN DISCOURS sur le vice des jeux d’argent » adressé en 1834 par le Dr Charles Caldwell aux étudiants en médecine de l’université Transylvania dans le Kentucky, « un exposé sur l’influence de Pasteur sur les sciences médicales » prononcé par le Dr Christian Archibald Hester en 1904 devant l’école de médecine de l’université Johns Hopkins ou une « Description de l’Hôpital général du Cap » en Haïti, en 1792, par le Dr Charles Arthaud, en passant par une thèse de médecine sur la fièvre jaune soutenue à Philadelphie en juin 1799 ... la variété des sujets médicaux, scientifiques, techniques, sociaux, moraux voire culturels abordés dans les documents mis en ligne dans le cadre du projet Medical Heritage Library (MHL) lancé en 2010 par un consortium de bibliothèques américaines, n’apparaît limitée que par l’imagination et les préoccupations humaines. MHL offre déjà en accès libre sur la Toile plus de 31 000 ouvrages historiques imprimés entre 1502 à 1957 (voir la liste des ouvrages en français).
« Chaque bibliothèque avait son petit serveur Web, sa petite interface. Chaque utilisateur devait apprendre à utiliser une nouvelle interface pour chacune des bibliothèques concernées, indique au "Quotidien" Kathryn Hammond Baker, directrice adjointe du centre d’histoire de la médecine de la bibliothèque Countway à Harvard. Nous voulons créer une collection importante en un seul endroit, contenant un grand nombre de documents différents en provenance de toutes les bibliothèques, qui pourrait constituer la première étape dans la démarche des chercheurs. »
10 % d’ouvrages en français.
Initié par Open Knowledge Commons - un réseau consacré au développement d’un patrimoine de la connaissance sur Internet - « le projet a pris naissance grâce à la participation de cinq grandes bibliothèques américaines dont la bibliothèque nationale de médecine des États-Unis (NLM), la bibliothèque publique de New York et les bibliothèques médicales des universités Yale, Harvard et Columbia, avec le soutien financier de la fondation Alfred P. Sloan et du National Endowment for the Humanities », dit au « Quotidien » Michael North, responsable de la collection de livres rares et de manuscrits anciens à la NLM. D’autres contributeurs les ont rejoints depuis. Parmi ceux-ci, l’université de Toronto, au Canada, a partagé 11 800 volumes, dont près de 900 en français.
L’ensemble de la collection MHL comporte des ouvrages dans de nombreuses langues différentes, mais est majoritairement en langue anglaise avec à peu près dix pour cent de son matériel en français.
Les participants ont choisi de produire des images en couleur de haute qualité qui sont accompagnées de fichiers texte en clair créés par un logiciel de reconnaissance optique de caractères. « Nous avons fait une enquête et nous avons identifié deux types principaux d’usagers : ceux qui veulent un fac-similé, qui utilisent la copie digitale du livre comme un objet dont ils tournent les pages, et ceux qui utilisent les livres comme une source de données, explique Kathryn Hammond Baker. Ces derniers veulent analyser et manipuler les textes. Ils ne consultent pas un livre mais 100, 1000, 10 000. Ils ont besoin d’outils d’extraction de données. » Cette seconde classe d’utilisateurs « pourrait être représentée par un historien qui étudierait comment la terminologie du traitement de l’alcoolisme évolue au cours du temps, par exemple, précise-t-elle. Nous essayons de fournir des ensembles de données que les chercheurs peuvent télécharger dans leur propre bibliothèque. »
De l’influence des passions ...
D’ici la fin de l’année, les principaux contributeurs devraient avoir achevé le téléchargement dans MHL des ouvrages identifiés en 2010. Aussi, pour continuer à enrichir cette banque de données recherchent-ils de nouveaux partenaires, de nouveaux types de documents et de nouveaux outils d’exploration de recherche informatique. La bibliothèque britannique Wellcome va donner des films (voir la liste des films disponibles). Les autres bibliothèques fouillent leurs archives à la recherche de tracts, de circulaires, dépliants ou photos et commencent à identifier d’autres collections.
« Nous voulons élargir les collaborations, ajouter les documents qui sont importants pour l’histoire de la médecine mais sans reproduire ce qui existe déjà, explique Kathryn Hammond Baker. Par exemple, Harvard a téléchargé sur MHL, un livre en français intitulé : « De l’influence des passions sur la production des maladies » par le Dr C. A. T. Charpentier, chirurgien-majeur du deuxième régiment de flottille impériale, datant de 1808. Il n’y a que 4 copies de ce livre mentionnées sur WorldCat, la plus grande banque de données bibliographique dans le monde, deux sont en France et deux aux États-Unis, seule la nôtre est en ligne, disponible aux chercheurs du monde entier », conclut-elle.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque