Tous les tests de toxicité réalisés ces 50 dernières années pour accorder l’autorisation de commercialiser les produits chimiques ou les OGMs sont faussés. C’est ce qu’affirme sans modération le très controversé Pr Gilles-Eric Séralini, de l’université de Caen, qui désigne comme principal coupable l’alimentation des rats de laboratoire, sérieusement contaminée par des pesticides, des métaux lourds, des dioxines et de PCBs, explique-t-il dans une nouvelle étude, publiée dans la revue « PLoS One ».
Pour le Pr Séralini, tous les essais comparants des groupes de rats témoins et des groupes tests sont faussés par ce bruit de fond dû à l’alimentation.
Des croquettes bourrées de pesticides
Pour ses travaux, son équipe a analysé des échantillons de croquettes pour rats de laboratoire en provenance des 5 continents. Cette alimentation était considérée comme saine et non polluée, indiquent les auteurs. Or, selon leurs résultats, les 13 échantillons analysés contenaient des traces de 22 OGM, 262 pesticides, 17 dioxines et furanes, 18 PCB et 4 métaux lourds.
Selon l’équipe, ces composés sont présents à des concentrations bien supérieures aux doses journalières admissibles dans la nourriture destinée aux... humains. Le Pr Séralini et son équipe estiment que ces contaminants alimentaires expliquent également le nombre important de tumeurs constatées lors de sa précédente étude, à la fois dans le groupe témoin, et chez des rats nourris toute leur vie au maïs NK 603 (fabriqué par Monsanto et tolérant à l’herbicide Round-Up).
Condamné à tort et à travers
Cette étude avait été très controversée au sein de la communauté scientifique dans sa conception, sa méthodologie, le choix des animaux utilisés et l’interprétation des résultats. Six académies (médecine, pharmacie, sciences, technologies, vétérinaire et agriculture) avaient publié un avis sévère tant sur le fond de l’étude que sur la forme de la communication choisie par le chercheur.
Si les académiciens ne se sont pas encore prononcés sur ses nouveaux résultats, des experts contactés par le « Quotidien » continuent de manifester leur réserve. « La question posée est pertinente, mais après, il la twiste pour que ça colle avec sa croyance. Il ne démontre rien. Tout ce qu’il y a, c’est des analyses de croquettes, il n’y a zéro argument, zéro expérimentation », réagit le Bernard Salles, directeur de l’Unité Toxalim de l’INRA et coordinateur scientifique du projet GMO90+, initié en 2014 et financé à hauteur de 2,5 millions d’euros par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, dans le cadre du programme Risk’OGM : « Risques environnementaux et sanitaires liés aux OGM ».
« C’est un très bon communiquant mais, sur le plan scientifique il n’est pas sérieux. Il jongle avec les mots, il perd les gens, et c’est là justement son génie. C’est un magicien. Un excellent manipulateur. »
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