Quelles conséquences à long terme d'une infection Covid ? Une étude danoise apporte des réponses à 6 mois de suivi chez près de 9 000 sujets infectés n'ayant pas été hospitalisés. Si le risque de complication grave, définie par la nécessité d'une prise en charge hospitalière, se révèle faible, le recours aux médecins généralistes augmente au cours de la période, suggérant des « séquelles du Covid », selon les auteurs.
Publiée dans « The Lancet Infectious Diseases », cette étude de cohorte menée pendant la première vague (de fin février à fin mars 2020) s'est basée sur plusieurs registres : de sécurité sociale, de patients testés positifs au SARS-CoV-2 et de 14 prescriptions médicamenteuses (dont antalgiques, antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques, anticoagulants, préparations pour la toux, antidiabétiques, etc.). A été évaluée la survenue de 27 diagnostics hospitaliers possiblement en lien avec l'infection passée (complications aiguës retardées, maladie chronique, consultations hospitalières).
L'équipe coordonnée par Anton Pottegård de l'université d'Odense (sud du Danemark) a comparé les données des 8 983 patients Covid non hospitalisés dans les deux semaines suivant le test à une cohorte de 80 894 sujets témoins, soit un patient Covid pour 10 contrôles. Les chercheurs ont ajusté leurs résultats en prenant en compte des variables associées à un test Covid positif et à une évolution moins favorable, telles que l'obésité, le cancer ou une insuffisance rénale.
Dyspnée et migraine
Il en ressort que le risque de nouveau traitement n'était pas augmenté chez les patients Covid, sauf pour les bronchodilatateurs, notamment les bêta2 agonistes (1,7 versus 1,3 %, soit un risque relatif RR de 1,32), et pour les triptans (0,4 versus 0,3 %, RR de 1,55). Le risque de développer une dyspnée et une migraine semble donc majoré. Et de façon concordante, le risque de diagnostic de dyspnée posé à l'hôpital était multiplié par 2 (1,2 versus 0,7 %). Autre constat, le risque de thrombose veineuse était également augmenté de 70 % chez les patients Covid (0,2 versus 0,1 %).
Si les hospitalisations n'ont pas été augmentées après une infection, l'analyse met en évidence une hausse globale des consultations en ville chez les généralistes (+18 %) et en ambulatoire à l'hôpital (+10 %).
Identifier les besoins pour la prise en charge en ville
Pour l'auteur principal : « Notre étude montre un risque très faible d'effets retardés sévères chez les patients Covid n'ayant pas été hospitalisés, souligne-t-il. Mais, notre recherche met en évidence certains effets à long terme n'ayant pas nécessité d'hospitalisation ou l'utilisation de nouveaux traitements, qui ont été reflétés par un recours plus élevé aux soins primaires après l'infection. »
Un constat qui incite à s'assurer que les médecins de ville ont les ressources nécessaires pour la prise en charge de ces symptômes à long terme. Ce d'autant que, pour le Pr Stine Hasling Mogensen de l'Agence danoise du médicament, co-auteur, du fait de sa méthodologie, l'étude sous-estime certainement certains symptômes comme la fatigue et les difficultés respiratoires « qui ne sont pas assez sévères pour une hospitalisation ou un nouveau traitement médicamenteux ». Plusieurs études sont en cours dans le monde pour mieux caractériser et comprendre les symptômes prolongés du Covid, notamment dans l'objectif d'identifier « des besoins non couverts en soins de santé voire en nouveaux médicaments », suggère le pharmacologue danois.
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