L’exemple de l’artémisinine

Naturellement extraite de la plante armoise annuelle et utilisée dans le paludisme en Chine depuis des millénaires, l’artémisinine, est désormais produite grâce à la biologie de synthèse à grande échelle. Comme l’a expliqué le Pr François Képès : « En 2013, après une dizaine d’années d’efforts, leurs travaux (N.D.L.R. : l’équipe de Jay Keasling, université de Californie, Berkeley) ont abouti à la production par la société pharmaceutique Sanofi, d’environ 60 tonnes annuelles d’artémisinine de synthèse aux caractéristiques stables ». Depuis les recommandations de l’OMS datant de 2002, la production d’artémisinine naturelle était devenue trop faible et trop fluctuante pour satisfaire la demande mondiale. Pour parvenir à une bioproduction performante, les chercheurs ont combiné de la levure de boulanger « un microorganisme connu, à croissance rapide et aisé à modifier génétiquement, des gènes issus de l’armoise annuelle et de techniques de biologie moléculaire pour optimiser l’expression des gènes ». Le rendement est ainsi passé de 1,6 à 28 grammes par litre de fermenteur. L’artémisinine de synthèse, produite au même prix que la molécule naturelle, permet de consolider la filière et répondre aux besoins, avec pour seul hic de concurrencer les petits producteurs...