* Un livre politique
Morgan Sportès, qui a reçu le prix Interallié pour « Tout, tout de suite » (Fayard), définit son livre comme un « conte de faits ». Une jolie expression pour éclairer cette version romancée de l’affaire du « gang des Barbares », qui a défrayé la chronique en janvier 2006, après qu’une bande d’une vingtaine de jeunes menée par Youssouf Fofana a enlevé, séquestré et torturé pendant vingt-quatre jours avant de le tuer Ilan Halimi, un vendeur de téléphones mobiles, choisi parce qu’il était juif et « donc » supposé riche.
Tout est vrai, et terrible, décrit avec une froideur volontairement impersonnelle qui restitue l’essence de la violence et de la bêtise des bourreaux. Morgan Sportès s’est fondé sur les documents authentiques, il est allé sur les lieux, il a rencontré des policiers, le juge d’instruction. Au terme de cette enquête approfondie, il a reconstitué une dramaturgie romanesque en changeant simplement le nom des lieux et des personnages qu’il met en scène et à qui il donne la parole. La même démarche que dans son livre « L’Appât », autour de Valérie Subra, autre héroïne de fait divers sanglant (interprétée à l’écran par Marie Gillain dans un film de Bertrand Tavernier, Ours d’Or à Berlinen 1990).
S’agit-il d’un livre politique – qui stigmatise le terreau des banlieues – ou de la relation d’un simple fait divers – qui repose sur la personnalité hors norme du chef de gang ? L’auteur penche clairement vers la première proposition : « C’est un témoignage de l’effroyable vide que la société a laissé se creuser en son sein, du degré d’aliénation de ces jeunes, couplé à leur indigence intellectuelle... C’est un symptôme social que je décris et non un fait-divers. »,
S’il se lit d’une traite, le livre pose questions. Il n’était d’ailleurs pas sur la liste des « nominés » et il a été choisi par six voix au troisième tour contre trois à Stéphane Hoffmann (« les Autos tamponneuses ») et deux à Delphine de Vigan (« Rien ne s’oppose à la nuit »).
Morgan Sportès, 64 ans, né à Alger d’un père algérien et d’une mère française, a vécu en Algérie jusqu’à l’âge de quinze ans et l’indépendance du pays, en 1962. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages de genres variés, dont plusieurs s’inspirent de ses années passées en Asie, où il a enseigné la littérature française.
* Un lauréat de 19 ans.
La vocation du prix de Flore est de récompenser « un jeune auteur au talent prometteur ». C’est chose faite en la personne de Marien Defalvard, qui a été distingué pour son premier roman, publié à l’âge de 19 ans, « Du temps qu’on existait » (Grasset). Il écrit depuis l’âge de 13 ans et il en avait 16 lorsqu’il a commencé à rédiger ce roman, l’année de son bac à Orléans.
Ni le sujet ni le style n’évoquent un écrivain en herbe. Marien Defalvard fait parler un mort, qui se remémore son existence depuis les années 1960 jusqu’à nos jours. On le découvre au fil des années dans des lieux différents mais toujours égal à lui-même, tout entier occupé à esquiver la vie et ses contraintes, à échapper à l’ennui de vivre au long d’une errance arrogante. Convaincant malgré certaines maladresses, étonnant pour un auteur si jeune.
* L’image du corps féminin.
La recherche stylistique – une préciosité aussi agaçante qu’amusante – est l’une des composantes essentielles du roman « les Découvertes » (Minuit), qui a valu à Eric Laurrent d’être récompensé par le prix Wepler-Fondation La Poste. Le lauréat, 45 ans, est l’auteur d’une dizaine de romans dont le premier, « Coup de foudre », a reçu le prix Fénéon en 1995. Comme ce dernier, qui s’organisait autour du tableau de Botticelli, la « Naissance de Vénus », « les Découvertes » est le récit d’initiation d’un jeune garçon qui développe une fascination croissante pour le corps féminin à partir d’images aussi diverses qu’une reproduction des « Sabines », de David, ou qu’une photo double page de « Penthouse ».
* À travers les Années folles.
Illustratrice d’albums pour la jeunesse et romancière, Patricia Reznikov a reçu le prix Cazès-Lipp au premier tour de scrutin pour son roman « la Nuit n’éclaire pas tout » (Albin Michel). Il raconte l’improbable périple d’un vieil écrivain solitaire en mal d’inspiration et d’une jeune femme mystérieuse qui se dit chasseuse de miracles à travers l’Europe cosmopolite des années 1920. Dans les pas de ces deux personnages en quête d’identité et par le biais de rencontres souvent déroutantes, c’est tout un pan d’histoire qu’on revisite.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation