POUR RÉPONDRE à l’absence de données françaises sur l’épidémiologie des AVC, maladie redoutée - 1re cause de handicap moteur, 2e cause de démence, 3e cause de mortalité -, mais peu mobilisatrice car dépourvue de traitement actif, le CHU de DIJON a mis en place, voici 25 ans, une filière permettant de recueillir de façon spécifique les AVC. L’originalité de ce registre portait sur sa thématique, celle des AVC, qui sortait de la thématique du cancer, déjà très développée à Dijon avec un registre des cancers digestifs créé en 1975 et un registre des hémopathies créé en 1980.
Les moyens mis en jeu étaient à la hauteur de l’enjeu car l’enregistrement des cas portait sur la population entière de la ville de Dijon intra-muros (150 000 habitants). Tous les médecins concernés par la prise en charge des AVC ont été impliqués - neurologues, radiologues, gériatres, urgentistes, rééducateurs, cardiologues, angiologues - quel que soit leur mode d’exercice professionnel public ou privé. Ils étaient associés aux 250 médecins généralistes de la ville, permettant ainsi d’assurer l’exhaustivité du recueil. Enfin, la performance de ce registre a été de suivre en continu les patients enregistrés pour évaluer leur évolution.
En 1987, ce registre, qui avait pu fournir les premiers résultats sur l’incidence (175 cas/100 000 habitants) et la mortalité (20 % à 1 mois), parmi les plus faibles en Europe, était reconnu comme apportant toutes les qualités d’un registre de population (Sudlow, Lancet 1987).
Recul de l’âge de survenue.
Quatre données majeures, intéressant à la fois le public et les tutelles, sont extraites de l’exploitation des données du registre :
- L’incidence globale des AVC ne s’est pas modifiée à Dijon en 25 ans. Mais l’analyse selon les causes montre que l’incidence de ceux d’origine cardiaque est en baisse et que les AVC par atteintes des petits vaisseaux sont en augmentation (AVC lacunaires), hausse liée en particulier à l’augmentation de la prévalence du diabète. Le résultat pertinent est, en fait, le recul de l’âge de survenue des AVC, de 5 ans chez l’homme et de 8 ans chez la femme. Cet allongement de l’espérance de vie sans AVC est une conséquence du meilleur contrôle des facteurs de risque dont l’HTA et de la diminution du tabagisme.
- Le taux de mortalité à 1 mois des AVC a subi une chute importante en 25 ans, en passant de 20 à 10 %. Ce constat traduit l’amélioration des soins en phase aiguë, expliquée en partie par la mise en place d’une Circulaire Ministérielle sur les AVC en 2003 et 2007, incitant à l’installation de filières de soins dédiés aux AVC dans chaque région.
- Comparée à l’incidence des infarctus du myocarde, celle des AVC, contre toute attente, lui est supérieure, rappelant que la 1re cible de l’hypertension artérielle est les artères du cerveau.
- La survenue d’un accident ischémique transitoire (AIT) précédant un AVC en diminue la gravité sur les plans vital et fonctionnel. Ce phénomène protecteur est connu pour le cœur, avec l’angor précédant un infarctus du myocarde.
Tous ces résultats ont donné lieu à des publications scientifiques dans des revues internationales. Ils ont permis de mieux connaître les aspects épidémiologiques de l’AVC en France, au moment où existe une prise de conscience par le corps médical et les tutelles, de l’ampleur de ce problème qui va devenir majeur avec le vieillissement de la population. Certaines solutions vont être apportées par le prochain Plan AVC ministériel.
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