Une analyse chez neuf patients du cluster de Munich

Le SARS-Cov-2 se réplique activement au niveau de la gorge

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Publié le 10/04/2020
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Une analyse virale réalisée chez des patients Covid-19 met en évidence la capacité du virus à se répliquer au niveau de la gorge, ce qui expliquerait pourquoi il se transmet facilement.

Crédit photo : Phanie

Une analyse virologique de neuf patients infectés par le SARS-CoV-2 a permis à des chercheurs allemands de rendre compte de la réplication active du virus dans les tissus des voies respiratoires supérieures. Leurs résultats sont parus dans « Nature » (1).

Les neuf patients, soignés à l'hôpital de Munich, étaient jeunes ou d'âge moyen sans maladie sous-jacente. « Leurs symptômes étaient généralement légers et comprenaient des symptômes pseudo-grippaux », décrit dans un communiqué le Pr Clemens Wendtner, co-auteur de l'étude.

Le virus isolé dans la gorge et les poumons

Des prélèvements nasopharyngés et d'expectoration ont été réalisés quotidiennement, même après l'apparition des symptômes. Un taux élevé de réplication et d'excrétion du virus a été mis en évidence au niveau de la gorge lors de la première semaine de symptômes. Les personnes malades sont donc potentiellement contagieuses dès le début, voire avant l'apparition des symptômes.

Le virus infectieux a pu être isolé à partir des échantillons de la gorge et des poumons. « Le SARS-Cov-2 peut donc se répliquer alors qu'il est encore dans la gorge, ce qui signifie qu'il est très facile à transmettre », explique le Pr Christian Drosten, également co-auteur de l'étude. En cela, le SARS-Cov-2 diffère du SARS-Cov-1, qui cible davantage les poumons.

Sortie précoce de l'hôpital

D'après leurs observations, les chercheurs estiment que les patients présentant moins de 100 000 copies d'ARN viral au niveau des expectorations après dix jours de symptômes pourraient retourner à leur domicile. Un enjeu essentiel en contexte de flux tendu à l'hôpital en termes de disponibilité des lits, soulignent les auteurs. 

La séroconversion s'est produite après sept jours chez la moitié des patients, alors que la charge virale en diminution était encore détectable. À 14 jours, l'ensemble des patients avaient produit des anticorps. Des échantillons de selles, de sang et d'urine ont également été prélevés, mais le virus n'y a pas été retrouvé.

(1) R Wölfel et al., Nature, https://doi.org/10.1038/s41586-020-2196-x, 2020.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin