Après une greffe de moelle osseuse, de nombreux patients développent une réaction aiguë du greffon contre l'hôte (appelée GVH pour Graft-Versus-Host). Dans une étude de phase III multicentrique publiée dans le « New England Journal of Medecine », le ruxolitinib a permis de diminuer significativement la gravité de la GVH chez des patients souffrant d'une GVH réfractaire au traitement standard par glucocorticoïdes.
« Cet essai est le premier à montrer des résultats cliniques positifs en 30 ans chez ces patients, indique au « Quotidien » le Pr Gérard Socié, hématologue à l'hôpital Saint-Louis (AP-HP) et dernier auteur de l'étude. La survie à un an de ces patients est de l'ordre de 30 % ».
Principale complication de la greffe
En cas de GVH, les cellules immunitaires du donneur, et en particulier les lymphocytes T, attaquent les tissus du receveur, car elles les considèrent comme étrangers. « La GVH entraîne principalement un rash cutané, une diarrhée et une atteinte hépatique », précise le Pr Socié.
La GVH est la principale complication de la greffe de cellules souches hématopoïétiques. Elle concerne près de la moitié des patients ayant bénéficié d'une greffe de cellules souches. Le traitement de première ligne repose sur les glucocorticoïdes, mais la moitié des patients n'y répond pas.
Dans cette étude, 309 patients ont été inclus : 154 patients ont reçu du ruxolitinib 10 mg deux fois par jour et 155 ont reçu un traitement au choix de l'investigateur parmi neuf options couramment utilisées (groupe contrôle).
34 % de réponse complète
La réponse globale (partielle ou totale) à 28 jours (critère primaire) était plus importante dans le groupe ruxolitinib que dans le groupe contrôle, avec respectivement 62 % et 38 % des patients répondeurs. De plus, une réponse complète, c'est-à-dire l'absence totale de symptômes liés à la GVH, a été rapportée pour 34 % des patients dans le groupe ruxolitinib contre 19% des patients du groupe contrôle.
Le ruxolitinib est un inhibiteur sélectif de JAK1 et JAK2, déjà autorisé dans le traitement du syndrome myéloprolifératif. Sa tolérance est donc bien connue. L'étude montre qu'il entraîne davantage de thrombopénies que les autres traitements. « C'est un effet indésirable attendu de ce traitement que l'on sait prendre en charge », souligne le Pr Socié.
(1) R. Zeiser et al., N Engl J Med, doi: 10.1056/NEJMoa1917635, 2020.
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