LE COLLÈGE de France était le théâtre le 6 décembre de la remise des prix INSERM, qui récompensent depuis 11 ans les talents de chercheurs, ingénieurs, techniciens de recherche en lien avec l’institut. Plus haute distinction décernée par l’INSERM, le Grand Prix 2011 est attribué au neurobiologiste Alain Prochiantz, ancien directeur de recherche au CNRS, membre de l’Académie des sciences depuis 2003 et aujourd’hui titulaire de la chaire Processus morphogénétiques du Collège de France. Remis par le ministre de la Recherche, Laurent Wauquiez, ce grand prix récompense 20 années de travaux sur les processus de morphogenèse neuronale, qui ont démontré la réalité d’une nouvelle voie de production de signal au sein des cellules du cerveau grâce à l’action d’homéoprotéines. « Des recherches qui ont des conséquences en physiopathologie et sont à l’origine du fructueux champ pharmaceutique des vecteurs peptidiques », souligne l’INSERM.
« Partant d’une observation accidentelle, il aura fallu 20 ans pour convaincre que nous avions bien identifié une nouvelle voie de production du signal impliquant quelque 250 protéines. Au cours de ces 20 années, nous n’aurions pas tenu sans le soutien du CNRS, de l’École normale supérieure puis de l’INSERM et du Collège de France », déclare Alain Prochiantz. « Il me semble que l’on mesure mal le rôle que ces institutions ont joué et continuent de jouer pour maintenir notre pays dans le club très convoité des grandes nations scientifiques », ajoute-t-il.
« Osez et amusez-vous »
Remis par la secrétaire d’État à la Santé, le prix d’honneur 2011 de l’INSERM salue le parcours de la biologiste Ethel Moustacchi, ancienne chercheuse au CNRS, puis à l’Institut Curie, aujourd’hui conseillère scientifique pour le Commissariat à l’énergie atomique. Durant sa carrière qui s’est achevée en 1998, Ethel Moustacchi a analysé les mécanismes biologiques de lésion et de réparation de l’ADN. Elle est à l’origine de découvertes majeures sur les facteurs génotoxicologiques prédisposant au cancer. Elle consacre par ailleurs plus de dix ans à l’anémie de Fanconi et lance l’alerte qui permettra de réduire fortement l’usage des psoralènes en dermatologie et cosmétique. « C’est pour moi un immense plaisir d’être ainsi honorée par l’INSERM. J’ai coutume de dire aux jeunes chercheurs : "Osez et amusez-vous !" C’est le secret des belles trouvailles qui font un peu oublier les lourdeurs administratives qui deviennent de plus en plus envahissantes dans ce métier », s’exclame Ethel Moustacchi.
Le prix international de l’INSERM est remis cette année à la biologiste américaine Susan Gasser, qui exerce depuis 1979 en Suisse et décrypte les mouvements intracellulaires à partir d’outils statistiques et informatiques innovants. Directrice d’un laboratoire de biologie à l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (ISREC), elle devient en 2004, responsable de l’Institut Friedrich Miescher de Bâle. « Ces résultats et l’étude du lien entre les lésions et les erreurs de positionnement chromosomique aident à mieux comprendre le vieillissement et le cancer », précise l’INSERM. Ses travaux actuels portent essentiellement sur la dynamique de réparation de l’ADN et les processus épigénétiques impliqués dans la différenciation cellulaire. « Pendant des années, j’ai isolé, disséqué, découpé, réarrangé, marqué et surtout filmé les chromosomes. Au bout d’une vingtaine d’années, j’ai le sentiment de les comprendre. Mon but pour l’avenir, c’est de rendre cette compréhension utile au monde médical », confie Susan Gasser.
Le prix Recherche 2011 de l’INSERM a été co-attribué à Geneviève de Saint-Basile (Unité INSERM 768/Paris V, Hôpital Necker-Enfants malades), dont les découvertes sur le système immunitaire relient recherche clinique et fondamentale, ainsi qu’à Pierre Leopold (Université de Nice Sophia-Antipolis), pour ses travaux fondamentaux sur le système drosophile. Le prix Innovation récompense également un binôme : Frédéric Fiore et Claude Delpuech. Frédéric Fiore est responsable technique d’une plateforme de l’INSERM (KO-KI Booster, Centre immunologique Marseilles-Luminy) consacrée à l’exploration des fonctions du système immunitaire de la souris et où sont créés pour le compte de laboratoires des souris génétiquement modifiées. Claude Delpuech est responsable du département de magnétoencéphalograpie du Centre d’étude et de recherche multimodal et pluridisciplinaire en imagerie du vivant de Lyon.
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