Les mitochondries, ces petites usines cellulaires productrices d'énergie, intéressent de plus en plus les chercheurs pour ralentir la progression de la maladie d'Alzheimer. Après une étude fin 2017 dans « Nature » par l'équipe dirigée par Johan Auwerx à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), une équipe de l'Université d'Arizona (ASU) publie dans « Alzheimer & Dementia » des résultats précliniques intéressants.
Les deux équipes montrent qu'il est possible de protéger pharmacologiquement les mitochondries du stress oxydatif présent très tôt au cours de la maladie d'Alzheimer. Alors que l'équipe de Lausanne a testé la doxycycline et la vitamine nicotinamide riboside (une forme de vitamine B3) chez le ver C. elegans et un modèle de souris, l'équipe américaine a expérimenté un antioxydant, la coenzyme Q10 (CoQ10), sur des cellules humaines.
Stress mitochondrial
Les mitochondries jouent un rôle crucial dans le cerveau, en apportant l'énergie nécessaire au bon fonctionnement cérébral. Le cerveau consomme à lui seul 20 % de l'oxygène. Alors que l'hypothèse amyloïde est mise en difficulté dans la maladie neurodégénérative, les chercheurs explorent d'autres voies, comme la piste mitochondriale.
Le stress mitochondrial est bien décrit dans le vieillissement normal et les maladies liées à l'âge comme la maladie d'Alzheimer. Les mitochondries sont vulnérables au stress oxydatif, et si la production de dérivés réactifs de l'oxygène est trop importante, l'expression des gènes mitochondriaux est altérée. Le stress oxydatif survient des années avant la formation de plaques Aβ, suggérant un rôle de la dysfonction mitochondriale et du stress oxydatif très tôt dans la maladie d'Alzheimer.
Des pistes pour protéger le cerveau
Après avoir montré le rôle hautement toxique d'une forme de protéine bêta amyloïde, l'Abêta oligomérique (OAβ) sur les mitochondries, l'équipe coordonnée par Diego Mastroeni au centre de recherche Banner sur les maladies neurodégénératives à l'ASU montre, sur des cellules neuronales humaines, que le CoQ10 permet de protéger ces organites de la détérioration induite par l'OAβ.
Pour Johan Auwerx, la piste mitochondriale a de beaux jours devant elle. Dans un modèle de souris traité par de la nicotinamide riboside, l'équipe de l'EPFL a même constaté une amélioration de la fonction cognitive chez les rongeurs. Le chercheur explique : « Nous avons montré que restaurer la santé mitochondriale réduit la formation de plaques – mais, surtout, cela améliore la fonction cérébrale, ce qui est l'objectif ultime pour tous les patients et les chercheurs dans l'Alzheimer. »
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