Un protocole spécifique proposé

Kawasaki lié au Covid,deux facteurs de sévérité

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Publié le 17/07/2020
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Une équipe de l'hôpital Robert Debré (AP-HP) a identifié deux facteurs de sévérité de la nouvelle entité clinique de Kawasaki associée à l'infection Covid-19.
De 1,2 cas par mois à dix en avril, deux semaines après le pic épidémique

De 1,2 cas par mois à dix en avril, deux semaines après le pic épidémique
Crédit photo : Phanie

La crise sanitaire actuelle a vu émerger un nouveau syndrome inflammatoire multisystémique associé au Covid-19 chez les enfants. Une étude de l'hôpital Robert Debré (AP-HP) (1) suggère que la ferritinémie et un âge supérieur à cinq ans sont des facteurs de sévérité.

Les chercheurs ont comparé une série de 16 cas associés au Covid provenant de différents centres d'Île-de-France à la cohorte historique de Robert Debré totalisant 220 patients pris en charge pour un Kawasaki classique ou atypique entre 2005 et 2020.

Les auteurs ont identifié deux facteurs de sévérité spécifiques à ce nouveau syndrome : un âge supérieur à cinq ans et une ferritinémie supérieure à 1 400 µg/L. « La ferritinémie n'est pas aussi élevée dans les autres formes de Kawasaki, précise au « Quotidien » le Pr Albert Faye de l'hôpital Robert Debré. La ferritinémie est un marqueur du syndrome d'activation macrophagique. Ce syndrome lié à la production de cytokines inflammatoires témoigne d'une maladie particulièrement active et potentiellement sévère ». Par ailleurs, le nouveau syndrome inflammatoire était observé à un âge plus tardif (10 versus 2 ans) avec un taux plus élevé de myocardite (7/16 versus 3/220).

Plus de résistance aux immunoglobulines

La découverte de ces facteurs pronostiques a conduit à la mise en place d'un protocole local : « quand un patient présente ces deux critères, un traitement plus agressif combinant immunoglobulines et corticoïdes est instauré », raconte le Pr Faye.

Les enfants « Kawa-Covid » sont habituellement traités de la même manière que les cas de Kawasaki classique, avec en première intention des immunoglobulines seules, avant de passer aux corticoïdes pour les patients non-répondeurs. « Les patients Kawa-Covid sont davantage résistants aux immunoglobulines que les autres », ajoute le pédiatre. Dans l'étude, seuls cinq patients (31 %) ont été traités avec succès par une seule injection d’immunoglobulines.

De plus, alors qu'il y a en médiane 1,2 cas de Kawasaki par mois à l'hôpital Robert Debré, dix cas ont été rapportés en avril, deux semaines après le pic épidémique, est-il rapporté dans une seconde étude (2), « ce qui témoigne après une analyse statistique spécifique d'un lien indiscutable entre l'augmentation de l'incidence des cas et l'épidémie », indique le Pr Faye.

Huit de ces dix cas étaient positifs au SARS-CoV-2 (PCR ou sérologie). Or, « nous avons constaté un effondrement des autres virus respiratoires en avril et mai en raison du confinement, ce qui renforce le lien entre ce syndrome inflammatoire et l'infection Covid-19 », estime le Pr Faye.

(1) M. Pouletty et al., Ann Rheum Dis, doi: 10.1136/annrheumdis-2020-217960. 
(2) N Ouldali et al., Lancet Child Adolesc Health, doi: 10.1016/S2352-4642(20)30175-9.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin