Hydroxychloroquine : « The Lancet » remet en cause son étude controversée

Publié le 03/06/2020

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La revue médicale « The Lancet » a pris ses distances avec l'étude très critiquée qu'elle a publiée en ligne le 22 mai sur l'hydroxychloroquine, en reconnaissant que « d'importantes questions » planaient à son sujet. Cet avertissement diffusé hier soir, mardi, a pris la forme d'une « expression of concern ». « The Lancet » souhaite ainsi « alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à (son) attention » au sujet de cette étude, qui fait actuellement l'objet d'un audit initié par ses auteurs, indique la revue.

S'il ne s'agit pas d'une rétractation pure et simple de l'étude, cet avertissement est tout de même de nature à jeter le doute sur ces travaux scientifiques. L'étude en cause a conduit dans le monde entier à l'interruption d'essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, car elle conclut que ce médicament n'est pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et peut même être néfaste. En France, ces conclusions avaient conduit le ministre de la Santé, Olivier Véran, à interdire la prescription d'hydroxychloroquine dans le cadre de traitements contre Covid-19.

Une étude attaquée par de nombreux chercheurs 

Dans la foulée de sa parution, de nombreux chercheurs ont exprimé leurs doutes sur l'étude, y compris des scientifiques sceptiques sur l'intérêt de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19. Dans une lettre ouverte publiée le 28 mai, des dizaines de scientifiques du monde entier soulignent que l'examen minutieux de l'étude du Lancet soulève « à la fois des inquiétudes liées à la méthodologie et à l'intégrité des données ». Ces données émanent de Surgisphere, qui se présente comme une société d'analyse de données de santé, basée aux États-Unis.

L'étude a également été attaquée avec virulence par les défenseurs de l'hydroxychloroquine, au premier rang desquels le Pr Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU). Après avoir déjà qualifié l'étude de « foireuse », il a estimé qu'elle avait été réalisée par des « pieds nickelés », dans une vidéo mise en ligne mardi. De leur côté, les auteurs, le Dr Mandeep Mehra et ses collègues, défendent leur étude. « Nous sommes fiers de contribuer aux travaux sur le Covid-19 » en cette période d'« incertitude », avait déclaré à l'AFP le 29 mai l'un d'eux, Sapan Desai, patron de Surgisphere.

S. L. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr