Comment le premier confinement, qui a profondément modifié nos modes de vie, de travail et nos habitudes, a-t-il affecté notre créativité ? À l’aide d’une enquête en ligne menée auprès de 380 adultes francophones, des chercheurs de l’Institut du Cerveau (Inserm/CNRS/Sorbonne université/AP-HP) ont exploré l’impact de cette situation inédite sur la créativité et les principaux facteurs expliquant cet impact. Leurs résultats sont publiés dans « Frontiers in Psychology ».
Via des questionnaires en ligne, les participants ont rapporté des informations générales (environnement et conditions de vie), mais ont également documenté leur ressenti pendant le confinement (état émotionnel, humeur, motivation, sentiment de solitude). La créativité (fréquence, domaine, aboutissement, etc.) a été évaluée de manière subjective avec l’appréciation personnelle des participants sur leur propre créativité (en comparaison de leur pratique avant le confinement), et de manière objective avec une mesure de l’engagement sur une liste de 28 activités créatives, telles que la cuisine, la peinture, le jardinage ou la musique.
Une évolution « globalement » positive
« Comme d’autres études l’ont montré, nos résultats confirment que le vécu du confinement a été globalement négatif, mais on observe en parallèle un sentiment positif d’exacerbation de la créativité pendant la période », résume pour « Le Quotidien » le Dr Théophile Bieth (AP-HP), co-premier auteur de l’étude.
En revanche, si tous les participants, que les changements de leur créativité aient été positifs ou négatifs, ont rapporté avoir rencontré beaucoup d’obstacles, leurs évolutions étaient hétérogènes. « Les individus qui ont déclaré avoir une diminution de leur créativité ont dû faire face à trop d'obstacles, tandis que les individus connaissant une augmentation dans leur créativité pourraient avoir été stimulés par la quantité d'obstacles », soulignent les auteurs, suggérant que la perception ou la nature d'un obstacle pouvaient avoir une influence.
Pendant le confinement, les cinq activités en plus forte augmentation étaient la cuisine, les programmes sportifs et de danse, les initiatives d’entraide et le jardinage. Environ 40 % des activités en augmentation étaient déjà pratiquées lors des cinq années précédant le confinement.
Changement affectif et temps libre, deux facteurs essentiels
Les chercheurs ont également voulu comprendre les facteurs associés à ces changements de créativité. Deux composantes principales ont été identifiées. Le changement « globalement positif » sur la créativité était principalement lié au fait d'avoir plus de temps libre ainsi qu’un « vécu émotionnel de la situation plus favorable », poursuit le chercheur. « Ceux qui ont rapporté avoir été moins créatifs pendant le confinement étaient des individus qui ont été plus atteints par le confinement, ce qui a affecté leur motivation », précise-t-il.
« Les raisons d'exercer moins fréquemment une activité étaient principalement liées à des préoccupations et des inquiétudes », abondent les auteurs, suggérant une corrélation entre humeur et créativité.
« Certaines données de la littérature scientifique montrent qu’il faut se sentir bien pour être créatif, alors que d’autres établissent l’inverse. De même, on ne sait pas dans quel sens s’opère ce processus : est-ce que nous nous sentons bien parce que nous sommes créatifs ou est-ce que le fait d’être créatif nous rend plus heureux ?, ajoute la chercheuse en neurosciences Alizée Lopez-Persem (Inserm), co-première autrice de l’étude. Une de nos analyses suggère que l’expression créative a permis aux individus de mieux gérer leurs émotions négatives liées au confinement et donc de mieux se sentir pendant cette période difficile. »
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