Selon une étude internationale parue dans « Science Advances », le baricitinib, un médicament indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, pourrait avoir un intérêt dans la prise en charge des patients Covid. « À travers un travail collaboratif impliquant plus de 50 auteurs et 30 institutions, nous confirmons l'hypothèse selon laquelle le baricitinib serait à la fois un agent antiviral et un anti-inflammatoire pertinent pour une utilisation dans la pandémie Covid-19, soutenant ainsi les essais cliniques randomisés en cours », indique au « Quotidien » Justin Stebbing. L'hypothèse initiale d'un intérêt thérapeutique de cet inhibiteur de Jak kinase (JAK) 1 et 2 a été générée par une intelligence artificielle.
Les chercheurs ont étudié deux cohortes de patients hospitalisés pour pneumonie Covid-19 modérée à sévère inclus entre mi-mars et mi-avril, l'une à Pise (Italie), la seconde à Albacete (Espagne). Quelque 83 patients ont reçu du baricitinib (37 à Pise et 46 à Albacete). Ils ont été appariés à 83 patients « contrôle » à l'aide d'un score de propension. Un bénéfice sur la mortalité de 71 % a été mis en évidence, avec peu d'événements indésirables, y compris dans la cohorte espagnole d'âge médian de 81 ans. « Il s'agit d'une cohorte unique alors que les essais chez les patients âgés font défaut », souligne Justin Stebbing.
Dans cette population appariée, 16,9 % des patients du groupe baricitinib sont décédés et/ou ont eu besoin d'une ventilation mécanique invasive contre 34,9 % des patients ayant reçu des soins standards.
Des expérimentations sur organoïdes
En laboratoire, les chercheurs ont travaillé sur des organoïdes dérivés de cellules hépatiques humaines primaires. Ils ont constaté dans un premier temps que l'interféron alpha-2 augmente significativement l'expression du récepteur ACE2 dans les hépatocytes humains en réponse à l'infection, ce qui permet au virus de pénétrer plus facilement dans les cellules. « Surtout, cette induction de l'ACE2 médiée par les cytokines entraîne une augmentation de l'infectivité du SARS-CoV-2, qui est totalement inhibée par des concentrations cliniquement pertinentes de baricitinib », explique Justin Stebbing. Le baricitinib aurait donc la capacité de prévenir l'orage cytokinique, à l'origine des formes sévères de Covid-19.
À l'aide de techniques de séquençage (RNA-Seq), les chercheurs ont par ailleurs décrit les gènes associés à l'activation plaquettaire induite par le virus à l'origine des caillots et ont vu que cette activation était totalement bloquée par le baricitinib. « Nous avons également confirmé les effets du baricitinib dans ces modèles organoïdes en utilisant la quantification virale », ajoute Justin Stebbing.
Plusieurs essais cliniques randomisés évaluent actuellement le baricitinib, comme l'essai TACTIC-R ou bien l'essai ACTT-II. Ce dernier vise à évaluer le baricitinib en association avec le remdesivir. « Les premiers résultats de l'ACTT-II obtenus chez plus de 1 000 patients montrent que l'association baricitinib plus remdesevir est meilleure que le remdesevir seul. Ces résultats seront publiés prochainement dans une revue majeure », avance Justin Stebbing.
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