Unanimement saluée comme un projet innovant, la clinique Rhéna est née du regroupement de trois cliniques confessionnelles – une catholique, une protestante et une juive – qui se sont réunies en 2011 pour construire un établissement commun dans le quartier du Port du Rhin, secteur urbain en plein renouvellement de Strasbourg.
Elle regroupe 368 lits et places et plus de 300 praticiens libéraux en secteur I et II y exercent.
En 2016, les cardiologues, cardiopédiatres et radiologistes vasculaires réunis en groupe d’explorations radiologiques et cardiovasculaires (GERC) ont décidé de quitter l’Orangerie pour Rhéna, qui construit actuellement une extension afin de les accueillir en 2019.
18 procédures juridiques
L’Orangerie, rachetée au groupe Vitalia par le groupe Elsan en 2015, conteste la régularité de ce départ : selon son président, Jérôme Nouzarède, le GERC n’a pas informé Elsan, avant le rachat, de sa volonté de partir. Mais surtout, Rhéna a bénéficié de 24 millions de subventions pour construire son bâtiment, subventions qui servent maintenant, selon lui, à « déstabiliser l’offre de soins existant à Strasbourg ».
Pour cette raison, il a lancé 18 procédures juridiques contre Rhéna, tout en rappelant qu’il a toujours souhaité « dialoguer et répondre aux besoins des cardiologues », affirmation contestée par ces derniers à l’image du Dr Eric Quiring. « Nous avons alerté depuis des années les directeurs successifs de la clinique sur notre manque de locaux et plus globalement sur la dégradation progressive de l’établissement, sans jamais avoir été entendus », explique le cardiologue pour qui « Rhéna a constitué une opportunité idéale ».
La clinique Rhéna fait valoir de son côté que les subventions obtenues pour lancer le projet n’ont aucunement servi à attirer les cardiologues ou à leur construire des locaux, mais à permettre aux anciennes cliniques de se réunir tout en réduisant leur nombre de lits, une opération validée par Marisol Touraine en janvier 2014.
Dans l’immédiat, l’agence régionale santé (ARS) Grand Est appelle les deux cliniques à trouver un compromis d’ici au 9 février, afin de prévenir toute rupture de l’offre de soins. Selon son directeur général, Christophe Lannelongue, l’Orangerie pourrait en effet « remettre en cause les activités du GERC » dès le 18 février si celui-ci maintient sa volonté de partir, afin de le forcer à rester, risque que ne veut pas prendre la tutelle. L'ARS préconise après 2019 un compromis entre les deux cliniques, avec un partage de l’activité du GERC sur les deux sites… Un projet « irréalisable » selon ce dernier, car trop lourd à mettre en place techniquement, source de surcoûts et risquant de déboucher sur une « course aux actes ».
En outre, si 40 % de la cardiologie et de la radiologie interventionnelles de Strasbourg est bien faite à l’Orangerie, les 60 % restants sont pratiqués par les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), qui ont beaucoup investi dans ce domaine. Selon le GERC, le passage de deux sites (Orangerie et HUS) à trois (en ajoutant Rhéna), n’est pas viable économiquement et menacerait l’avenir des trois sites. Si les HUS ne s’expriment pas directement, la Fédération hospitalière de France (FHF) s’inquiète des conséquences d’une telle situation pour le service public.
Dépassements sous surveillance
Si les 24 millions alloués en 2014 (20 par l’État et quatre par l’ex ARS Alsace) nourrissent la polémique entre les deux cliniques, ils enveniment aussi un second débat portant sur les dépassements d’honoraires à Rhéna. Selon certains élus strasbourgeois, ces subventions étaient conditionnées à l’engagement par Rhéna de limiter fortement les dépassements des médecins qui y exercent. Or, ces élus constatent que cela n’a pas été le cas, analyse rejetée par le directeur de Rhéna, Guillaume Lohr, pour qui « même les HUS ont moins de CMU et font des plus gros dépassements que Rhéna ».
L’ARS entend s’attaquer aussi à ce dossier qui, selon le directeur général, concerne la totalité des établissements de la ville. « Le droit n’est pas respecté à Strasbourg », affirme-t-il, en annonçant « un coup de projecteur sur ce problème global ».
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