Lors d’un débat diffusé mercredi dernier sur la principale chaîne nationale de télévision, le président de l’Ordre des médecins allemands, le Dr Klaus Reinhardt, a fait fureur en indiquant qu'« il n'existe pas de preuve de l'utilité du port du masque à l'extérieur, tant pour ceux qui le portent que vraisemblablement pour les autres ». Outre-Rhin, ces propos ont d’autant plus détonné que de nombreux médecins plaident pour la généralisation du masque à l’extérieur, une mesure qui n’est pour le moment obligatoire que dans les rues de quelques grandes villes, notamment en Bavière. Si le ministre allemand de la Santé Jens Spahn, actuellement en quarantaine pour cause de Covid-19, n’a pas réagi, d’autres ministres, dont celui de l’Intérieur, n’ont pas hésité à traiter le généraliste de Westphalie d’ « irresponsable », tandis que certains députés praticiens ont demandé sa démission.
En Allemagne, l'Ordre dispose d’attributions très larges, qui font de son président « le patron des médecins ». Également à la tête du principal syndicat de médecins libéraux allemands, le Hartmannbund, le Dr Reinhardt a donc une voix qui porte. Sa déclaration tonitruante a de fait divisé l’Ordre lui-même, plusieurs présidents régionaux, dont celui de sa région, se désolidarisant publiquement de lui.
Rétropédalage
Au lendemain de ce débat télévisé, le Dr Reinhardt a tenté de relativiser ses propos sans pour autant se renier, estimant s’être mal fait comprendre et précisant qu’il doutait de l’intérêt du masque à l’extérieur « quand on le porte mal et si on n’en change pas régulièrement ». Insuffisant pour convaincre. Dans un communiqué officiel cosigné par les présidents des 17 Ordres régionaux et les principales sociétés savantes médicales allemandes, le président de l’Ordre a dû insister sur l’importance du masque porté à l’extérieur pour prévenir les infections et éviter ainsi les hospitalisations. Si tout semble se terminer pour le mieux dans le meilleur des mondes depuis ce recadrage, nul doute que le président de l’Ordre aura malgré tout fort à faire pour calmer ses confrères, dont beaucoup réclament le retour de mesures drastiques voire un confinement pour endiguer la forte reprise de la pandémie.
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