LE QUOTIDIEN : La Cour des comptes a émis un avis sévère sur la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). Quelle est la position de la FEHAP ?
MARIE-SOPHIE DESAULLE : La Cour réclame une amélioration de la prévention et un recours accru à la dialyse à domicile. Nous ne pouvons être que d'accord puisque nous sommes déjà au rendez-vous ! La FEHAP représente 50 adhérents qui assurent 37 % de l'offre globale en dialyse. Dans le détail, nous prenons en charge 58 % des soins en unités de dialyse médicalisées (UDM), des structures légères de petite taille, et 15 % en centres.
63 % de l'activité globale sur la proximité et le domicile est de notre fait. En incluant les UDM, cela correspond à deux millions de séances par an, avec une moyenne de trois dialyses par semaine. Notre approche est donc territoriale. Nous sommes dans les clous de la Cour.
La rentabilité de l'activité de dialyse reste « anormalement élevée » pour la Cour. Êtes-vous concernés ?
Absolument pas ! Le secteur privé solidaire n'a pas d'actionnaires. Les excédents dégagés sont réinvestis dans les structures. Il n'y a pas de « rentes de situation » chez nous. Je précise mon propos : nos adhérents cumulent parfois une activité en centre, en UDM et à domicile. L'activité en centre compensera souvent les déficits dans les deux autres offres, plus onéreuses. Si vous raisonnez activité par activité, certaines de nos structures sont, c'est vrai, plus excédentaires que d'autres. Mais, au global, cela nous permet par effet de redistribution de garantir une offre de proximité (en territoire rural ou péri-urbain) ce qui, je le rappelle, est plébiscité par la Cour.
Jouer la carte de la proximité est certes plus cher de 11 % à 15 % que s'en tenir à des unités légères proches des zones où les gens vivent ; mais, à l'heure de la désertification médicale et de l'explosion des pathologies chroniques, nous assumons ce choix.
Les « sages » auraient-ils dû dissocier la FEHAP du secteur privé à but lucratif ?
Ça n'aurait été pas mal ! La vision globale de la Cour des comptes camoufle les différences entre les deux secteurs. C'est dommage, car nous ne sommes pas les mêmes. La Cour déplore une diminution du recours à la dialyse à domicile. Ce n'est pas le cas chez nous ! Non seulement nous en assurons la majeure partie, mais nous enregistrons une progression de 2 % entre 2015 et 2019.
De même, les remarques des magistrats sur les « pratiques discutables » de facturation des néphrologues, ce n’est pas chez nous ! Ce sont les libéraux du privé qui sont visés, pas nos médecins salariés.
La Cour réclame un grand ménage tarifaire. Qu'en pensez-vous ?
En 2020, nous nous préparons à une baisse de 1 % pour la dialyse en centre. C'est certes un moindre mal par rapport aux baisses régulières depuis 2015 [-9,5% sur cinq exercices, NDLR]. Mais attention ! Attention à ne pas se retrouver dans la situation des autres services de médecine, chirurgie et obstétrique qui n'arrivent plus à répondre aux besoins des patients. Oui, la dialyse génère des dépenses exponentielles pour l'assurance-maladie mais à force de serrer la vis, gare à ne pas limiter la qualité des soins.
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols