DE NOTRE CORRESPONDANT
LES ANOMALIES du compartiment des cellules B consécutives à l’infection par le VIH-1, en particulier le déclin progressif des cellules CD27, s’expriment par des altérations de la réponse immunitaire aux vaccinations et une perte des anticorps spécifiques normalement conférés par l’immunisation. Plusieurs études (Abzug et coll., 2007, Borkowsky et coll., 1992) suggèrent que la thérapie HAART chez les enfants infectés par le VIH-1 ne parvient pas à empêcher la dégradation des fonctions des cellules B car on observe chez eux une altération des réponses humorales aux vaccinations de routine.
Or il a été montré, dans des travaux antérieurs, que le démarrage de la thérapie HAART au cours de la première année de l’existence permet d’obtenir le développement normal des populations lymphocytaires T. Aujourd’hui l’équipe de P. Palma démontre, dans une étude conduite chez 70 enfants recrutés dans un hôpital pédiatrique romain, qu’il en est de même en ce qui concerne les cellules mémoires.
Traitement la première année.
Une analyses par cytométrie en flux indique tout d’abord que les enfants traités au cours de la première année conservent des pourcentages élevés de cellules B mémoires, comparables à ceux des contrôles sains. Ce pool élevé de cellules B est en outre pleinement fonctionnel. La technique ELISpot (enzyme-linked immunosorbent spot) des cellules B met en effet en évidence, chez les enfants traités précocement, une capacité à produire et maintenir des cellules B spécifiques d’antigène.
Anticorps anti-rougeoleux et anti-tétaniques.
Les titres d’anticorps (permettant d’évaluer les réponses humorales) après diverses vaccinations de routine ont par ailleurs été mesurés chez les patients. Les titres des anticorps antirougeoleux et antitétaniques étaient supérieurs chez les enfants traités précocement par rapport à ceux traités au-delà d’un an (p = 0,01 et 0,02 respectivement). Les titres d’anticorps anti-VIH-1 ont également été évalués : le taux des anticorps anti-gp41 étaient plus élevés dans le groupe des enfants traités tardivement et dans celui des sujets « naïfs » au traitement.
Enfin, alors que l’ensemble des contrôles sains et la majorité des enfants traités précocement conservaient des titres d’anticorps antirougeoleux et antitétaniques au-dessus des seuils de protection (0,2 unités/ml pour la rougeole et 0, 15 unités/ml pour le tétanos) : 82 % (rougeole) et 92 % (tétanos) des enfants traités dans la première année, vs 39 et 38 %, respectivement, des contrôles traités tardivement. Ces niveaux se maintenaient au cours des années suivant ces vaccinations et leurs rappels.
La précocité de l’instauration de la thérapie HAART chez les enfants ayant une infection VIH-1 de transmission verticale semble donc essentielle dans le maintien à long-terme des réponses immunitaires liées aux cellules mémoires. Les résultats enregistrés par les chercheurs italiens et suédois suggèrent que la précocité de la thérapie antivirale permet l’obtention d’une réponse immunitaire optimale à la vaccination contre des maladies qui aggravent la morbidité et la mortalité chez les enfants infectés par le VIH-1.
(1) Pensieroso S., Cagigi A., Palma P., Nilsson A., Capponi C., Fred E., Bernardi S., Thorstensson R., Chiodi F., Rossi P.. Timing of HAART defines the integrity of memory B cells and the longevity of humoral responses HIV-1 vertically infected children. Proc Natl Acad Sci USA (2009) Publié en ligne.
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