« Nos travaux ont abouti à la création de Spur* : un outil digital de diagnostic comportemental conçu pour aider les patients à s'impliquer davantage dans leur parcours de soins, explique Sylvain Bonnet, directeur général d’Observia. Spur peut non seulement prédire la non-observance, mais surtout identifier les raisons à l’origine de ce risque. Il permet de comprendre les leviers comportementaux de chaque patient dans tous les pays et pour toutes les maladies. »
Ces leviers, identifiés chez les patients chroniques, peuvent être classés en quatre catégories. La première est sociale : il s'agit de l'impact de la relation aux autres sur le comportement. Par exemple, un adolescent qui souffre d'asthme risque de ne pas prendre ses médicaments s'il ne souhaite pas se traiter devant les autres. Les facteurs psychologiques influencent également le comportement. Une personne dépressive par exemple ne trouve pas toujours la motivation nécessaire pour se soigner. Autre catégorie : l'usage, c'est-à-dire la capacité à accéder et à suivre un traitement. Un patient diabétique appréhendant les piqûres aura des difficultés à s'auto-injecter de l'insuline. Enfin, la quatrième catégorie est rationnelle. Les croyances et l'éducation ont, évidemment, un impact sur le rapport à la maladie et aux traitements.
Un questionnaire comportemental…
Concrètement, Spur se présente sous la forme d'un questionnaire digital dynamique. Celui-ci peut être proposé au patient sous différents formats : web, mobile ou V2P (Virtual to Person). Six questions lui sont d'abord posées : Votre traitement est-il utile pour votre maladie ? Est-il probable que votre pathologie s'aggrave si vous ne prenez pas votre traitement ? Votre maladie perturbe-t-elle votre vie sociale ? Êtes-vous capable de suivre votre traitement ? L'accès à celui-ci engendre-t-il des difficultés financières ?
À partir de ces questions, Spur calcule un risque de non-observance et en identifie les raisons. En fonction des réponses, l'outil établit un profil accompagné d'un texte (Quel type de patient êtes-vous ?). Si l'outil en conclut que le patient risque d'être non-observant, d'autres questions lui sont alors posées pour préciser son comportement. Un deuxième « feedback » est alors proposé au patient : il va recevoir un texte détaillant davantage son profil ainsi que le témoignage d'un patient ayant la même attitude que lui face à la maladie et aux traitements.
...pour une évaluation personnalisée du risque
Au total, selon le risque de non-adhésion du patient, entre 6 et 24 questions lui sont posées. Cela permet au médecin qui le suit d'avoir une idée de son niveau d'observance. Mais aussi d'orienter son discours en fonction des leviers comportementaux individuels constituant un frein. « Spur décrypte ainsi le comportement de chaque patient de façon personnalisée pour le rendre acteur de sa santé. La technologie digitale nous permet d'aller vers ce dernier, de le comprendre dans son quotidien pour mieux appréhender ses habitudes de vie », estime Sylvain Bonnet.
Actuellement, Spur est notamment proposé dans le cadre hospitalier en France. C'est le cas du centre de réadaptation cardiaque de l’hôpital Léopold-Bellan à Paris. « Nous travaillons avec cet outil digital dans le cadre d'un programme et d'une plateforme d'éducation thérapeutique ayant déjà inclus plus de 1 300 patients, souligne le Dr Kamel Abdennbi, chef de service de ce centre et utilisateur des solutions Observia. Sur quatre personnes ayant présenté le même infarctus par exemple, nous observons quatre attitudes différentes face à la maladie et aux traitements. Avec Spur, nous espérons les accompagner de façon individuelle pour changer leur comportement et améliorer leur observance de façon durable. »
*Spur est l'acronyme de « Sociale, Psychologique, Usage et Rationnelle ». Spur peut être intégré à tout environnement d'accompagnement patients, qu'il soit entièrement digital (un chatbot, par exemple) ou non (un centre d'appels). L'outil Spur est aussi accessible pour mener des études scientifiques (études anthropologiques et évaluations cliniques de l’observance).
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