Le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 65 ans le 20 juin, quittera l’agence à cette date, avant la fin de son mandat.
Si l’heure du bilan n’a tout à fait sonné (l’ANSM vient d’octroyer la première recommandation d’utilisation temporaire pour le baclofène), la recherche d’un successeur agite le ministère de la Santé. Car le « job » n’est pas une sinécure, l’Agence du médicament étant sous le feu des projecteurs à chaque affaire de sécurité sanitaire. À telle enseigne que, selon les observateurs, « les candidats ne se bousculent pas ». Ce qui n’empêche pas dresser un portrait-robot du prochain directeur (ou directrice).
Oiseau rare
Haut fonctionnaire au profil « administratif » ou médecin, la question n’est pas tranchée. Le Pr Jean-François Bergmann, ancien vice-président de la commission d’AMM (autorisation de mise sur le marché), juge que « les deux profils ont leurs avantages et leurs inconvénients ». Le Dr Claude Pigement, actuel vice-président de l’ANSM, souligne que le patron de l’Agence « devra être compétent dans le domaine du médicament, et être un expert. Il devra avoir une vision dans le domaine de la santé publique, de l’économie et de l’industrie ». Bref, un « oiseau rare ». Député UMP du Loiret Jean-Pierre Door, cardiologue et spécialiste des questions de santé, assure de son côté que « ça ne peut être qu’une sommité médicale universitaire. Il faut absolument éviter le technocrate, le bureaucrate ».
1 000 salariés...
Les qualités du futur patron de l’ANSM font l’objet de spéculations. « Il devra être manager, car l’agence, c’est 1 000 salariés, mais aussi très bon communicant, courageux, vu le risque de mise en examen. Enfin, il devra avoir la confiance de la ministre... », énumère un bon connaisseur du secteur.
Le Pr Philippe Even, coauteur en 2011 d’un rapport sur le système français du médicament, salue le directeur actuel sur le départ mais complète le profil. « Il faut quelqu’un comme Maraninchi, avec le "fighting spirit" en plus. Il faut être honnête, intelligent, compétent et tenace, mais avec la volonté d’aboutir, y compris en changeant les méthodes de travail de l’agence. Maraninchi est trop gentil ». La capacité à trancher en cas de crise (médicament, pilules, prothèses...) est une exigence du poste. Le Dr Roger Rua, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), estime justement que « l’ANSM n’a pas brillé par son courage lors des crises récentes. Or, elle a besoin de quelqu’un qui n’ait pas peur de son ombre ».
Le chef devra surtout savoir hiérarchiser les problèmes, analyse le Pr Bergmann : « Il en arrive 1 000 par jour à l’ANSM, il lui faudra donc une équipe de confiance ». ll devra aussi « être indépendant de l’industrie, du pouvoir, de la Sécurité sociale et des patients, tout en étant à leur écoute ». La quadrature du cercle ?
Le directeur de l’ANSM sera nommé pour trois ans par décret du président de la République. D’ici-là, les spéculations iront bon train pour un des postes les plus exposés du secteur public de la santé.
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