Un entretien avec le responsable de l’unité soins primaires de Pfizer

Pedro Lichtinger : répondre aux attentes des prescripteurs

Publié le 15/12/2008
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LE QUOTIDIEN : Pourquoi cette nouvelle organisation et quels en sont les principaux objectifs ?

PEDRO LICHTINGER : Pfizer est un « gros » laboratoire qui développe de nombreux médicaments dans des domaines thérapeutiques très divers. Il était devenu difficile de gérer la complexité de ces produits. Nous avons donc opté pour une organisation en focus et défini six « business units » : soins primaire, oncologie, soins spécialisés, produits établis incluant les génériques, pays émergents et santé animale.

Ces unités opérationnelles devraient permettre de renforcer l’innovation dans leurs domaines thérapeutiques spécifiques, tout en répondant de plus près aux besoins des médecins et de leurs patients. Suivant les « business units », l’identification des médicaments-candidats, les essais cliniques, la mise à disposition des produits… sont différents et les besoins des médecins également. Ainsi, par exemple, pour apporter la preuve de l’efficacité d’un médicament de médecine générale, il faut des essais de grande ampleur incluant des milliers de patients, alors qu’en oncologie, des résultats probants peuvent être obtenus avec un nombre relativement réduit de malades.

Quel est le champ d’activité de chacune de ces unités ?

Nous conservons un groupe mondial de recherche (Global research organisation, GRO) et un centre de biothérapeutique et de bioinnovation (Biotherapic and bioinnovation center, BBC), qui transfèreront les composés issus de leur recherche aux unités opérationnelles concernées. Celles-ci prendront en charge le développement clinique depuis les essais de phase II jusqu’à la mise à disposition du nouveau médicament auprès des médecins. Chaque unité assurera ainsi les activités de développement clinique, les affaires médicales, le marketing et les ventes.

Quels sont les domaines thérapeutiques de l’unité dédiée aux soins primaires que vous dirigez depuis début décembre ?

Il s’agit en fait de l’ensemble des domaines thérapeutiques pris en charge par les médecins généralistes et les spécialistes de ville : les affections cardio-vasculaires, l’obésité, les pathologies respiratoires, la maladie d’Alzheimer, la douleur, l’anxiété et les maladies génito-urinaires. Nous avons dans cette unité des médicaments phares, notamment Lyrica (pregabaline) indiqué dans les douleurs neuropathiques et certaines épilepsies et Champix (varénicline) pour le sevrage tabagique, mais aussi Tahor (atorvastatine), hypocholestérolémiant de notoriété internationale, dont le brevet expire dans les toutes prochaines années. Nous allons donc devoir gérer cette phase transitoire avant que de nouvelles molécules majeures en cours de développement ne soient mises sur le marché.

Quels sont les principaux médicaments de votre pipeline soins primaires ?

Pour ne parler que des produits en phase avancée de leur développement, j’en citerai trois principaux :

- le tanezumab, un produit innovant pour la prise en charge de la douleur. C’est un anticorps monoclonal qui cible de façon spécifique un facteur de croissance, le NGF (Nerve Growth Factor), médiateur clé de la douleur. Il est administré par voie injectable. Outre son mécanisme d’action original et son efficacité antalgique, comparable à celle des opioïdes sans leurs effets indésirables, il présente l’avantage d’une durée d’action prolongée de deux mois ;

- le dimebon, petite molécule antihistaminique qui a fait la preuve de son rôle dans l’inhibition de la dégénérescence des cellules cérébrales et dans la stimulation des terminaisons nerveuses. Il est en cours d’évaluation dans la maladie d’Alzheimer ;

- l’apixaban, un inhibiteur du facteur Xa, à l’étude dans la fibrillation auriculaire et les thromboses, en collaboration avec BMS.

En quoi cette unité dédiée à la médecine de ville aura-t-elle un intérêt pour les praticiens ?

Elle a pour vocation d’accélérer la mise à disposition des nouveaux médicaments pour les médecins et leurs patients, d’améliorer l’accès de ces produits, mais aussi de ceux existants, enfin de fournir aux praticiens des services adaptés et des outils destinés à leurs patients, tout particulièrement pour améliorer l’observance. Dans cette optique, nous allons modifier profondément notre modèle de relation avec les prescripteurs afin d’établir des rapports plus étroits en adéquation avec leurs besoins.

Cette nouvelle organisation est-elle d’ores et déjà opérationnelle ?

Elle va se mettre en place progressivement. Aux Etats-Unis, la business unit oncologie est fonctionnelle, l’unité Soins Primaires est en cours de formation. Les procédures sont différentes suivant les pays et nous souhaitons donner le temps à chaque structure de s’adapter au mieux au paysage social et culturel de chaque pays.

 PROPOS RECUEILLIS PAR LE Dr MARINE JORAS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8481