Nos voisins helvétiques envisagent de s’inspirer du modèle en place en Allemagne, qui consiste à fixer un prix par molécule et à lancer des appels à ce niveau.
L’Office fédéral de santé publique (OFSP) projette de fixer un prix deux fois plus bas pour chaque molécule. Les industriels seraient malgré tout libres de vendre plus chers leurs médicaments, mais la différence de prix ne serait pas remboursée par l’assurance-maladie mais serait intégralement à la charge du patient. Calculette en main, l’OFSP estime que la facture annuelle des génériques passerait de 792 à 394 millions d’euros.
Du côté des génériqueurs, on conteste l’intérêt d’un tel dispositif. Intergenerika, qui rassemble les laboratoires de génériques implantés en Suisse (l’équivalent du GEMME français), fait valoir qu’un tel système empêcherait les patients de recevoir leur médicament habituel sous la forme galénique qui leur convient et ferait mécaniquement baisser l’observance, avec à la clé des coûts supplémentaires, notamment en hospitalisation.
Risque d’externalisation de la production
Au GEMME, on est également sur la réserve. Sa déléguée générale, Catherine Bourrienne-Bautista, juge que vouloir reproduire un dispositif en vigueur à l’étranger est une manœuvre risquée. Comparaison n’est pas raison, juge-t-elle, rappelant que « le marché allemand des médicaments n’est pas comparable au marché suisse ». Le marché allemand est très mature, rappelle la responsable du GEMME. Outre-Rhin, le marché du générique en volume flirte avec les 75 % du marché total du médicament, alors que la Suisse n’en est qu’à 17 %. « Ce n’est pas parce que ça se fait ailleurs qu’un pays comme la Suisse parviendra aux mêmes résultats », prévient-elle.
Quelles pourraient être les conséquences d’une baisse de prix autoritaire en France ou en Suisse ? Selon l’association des professionnels du médicament générique, une pression trop importante sur les prix fabricants risquerait de se traduire par une externalisation de la production en dehors de l’Europe. Avec à la clé des fermetures de sites industriels et des suppressions d’emploi. Le GEMME rappelle que près de 95 % des génériques vendus en France sont aujourd’hui fabriqués dans l’Union européenne.
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