Décédé le 16 avril à 92 ans, le fondateur des laboratoires Servier était docteur en médecine et en pharmacie. « Produit de l’enseignement laïc », comme il se décrivait lui-même dans son livre « le Médicament et la vie » publié en 2007 aux éditions Perrin, Jacques Servier avait racheté en 1954 un petit laboratoire d’Orléans qui fabriquait un sirop contre la toux. En soixante ans, il en fera le numéro deux français de la pharmacie. Son groupe, qui emploie plus de 20 000 salariés dans le monde, a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros.
Son développement industriel s’est notamment fait dans le domaine cardiovasculaire (avec Coversyl, Coveram, Preterax, Procoralan, Fludex, Vastarel), en neurologie (Trivastal, Stablon, Valdoxan), en rhumatologie (Protelos), en phlébologie (Daflon), en cancérologie (Muphoran), et en diabétologie, avec Diamicron, l’un des premiers succès thérapeutiques dans le diabète de type 2.
Jusqu’au bout, même s’il déléguait davantage ces derniers temps, Jacques Servier aura gardé le contrôle sur son groupe.
En 2008, Jacques Servier a été fait Grand-Croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. Le président de la République avait été, avant son élection en 2007, l’un des avocats du groupe Servier.
Dans un communiqué, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a estimé que si Jacques Servier avait « créé un grand groupe industriel », son nom resterait associé au « scandale sanitaire gigantesque du Mediator ».
L’ombre des affaires
Cette réussite industrielle aura en effet été entachée par plusieurs affaires. L’Isoméride, un coupe-faim qui obtint son AMM en France en 1985, fut très largement prescrit, notamment en France et aux États-Unis, avant d’être retiré du marché en 1997. Des effets secondaires graves, comme des valvulopathies et des hypertensions artérielles pulmonaires avaient été décelés chez des patients.
L’affaire du Mediator aura aussi marqué les esprits. Utilisé par près de 5 millions de personnes en France, cet adjuvant au traitement des hyperlipidémies et du diabète de type II a provoqué des lésions de valves cardiaques. Retiré du marché fin 2009, il pourrait être responsable d’un nombre de décès (certaines extrapolations font état de 500 à 2000 morts) dont l’échelle est aujourd’hui remise en question.
Un procès en 2015
L’affaire a déclenché plusieurs actions judiciaires contre le groupe et son président, mis en examen pour tromperie, escroquerie, trafic d’influence, homicides et blessures involontaires.
Jacques Servier échappera à son jugement, mais pas son groupe. Le procès est prévu pour le premier semestre 2015.
Le laboratoire va devoir faire face à cette disparition soudaine. Il a déjà indiqué que la pérennité de son groupe avait « été décidée par le Dr Servier en organisant le fonctionnement de son entreprise en forme de fondation dès le début des années quatre-vingt. Les dispositifs concernant le nouveau comité de direction et son président seront annoncés selon ses instructions dans de brefs délais ».
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