Avigan, l’un des traitements attendus face à Ebola, est produit par le groupe japonais Fujifilm Holdings qui a opéré une étonnante diversification de ses activités quand a disparu la photo argentique.
Précisément, la molécule en question, le favipiravir (ou « T-705 », qui a fait partie des traitements expérimentaux exceptionnellement autorisés par la France en septembre), a été développée par Toyama Chemical, une filiale de Fujifilm Holdings, groupe plus connu pour ses appareils photo, ses bornes d’impression ou ses cabines de photos d’identité. L’Avigan est d’abord un antigrippe, mais des études sur des souris ont montré qu’il était efficace contre Ebola. Un essai pour évaluer précisément ses effets chez l’homme doit démarrer en novembre en Guinée.
Pourquoi et comment Fujifilm Holdings, société qui a fêté cette année ses 80 ans, en est-elle venue à ce niveau de reconnaissance dans le domaine médical ? « Depuis la création, nous avons dû endurer de nombreuses crises : les chocs pétroliers, celui de la matière première qu’est l’argent, mais nous sommes parvenus à survivre grâce aux efforts de toute l’entreprise », explique le P-DG, Shigetaka Komori.
Au début des années 2000, le tournant de la photo numérique est pris, le point de non-retour atteint. C’est alors l’activité principale de Fujifilm Holdings qui est touchée : « En un rien de temps, notre cœur de métier se contractait : les pellicules qui représentaient 60 % de nos ventes en 2000 n’en totalisaient plus que 10 % en 2010 », avec la quasi-disparition de la demande, explique un responsable de la communication du groupe, Takao Aoki.
L’étape « radio »
Shigetaka Komori décide alors d’élargir le champs de compétences de l’entreprise vers un autre domaine dans lequel elle a déjà un pied : la santé. Fujifilm fabrique en effet depuis longtemps des systèmes de films, de radiographie, d’endoscopes, d’échographes et de consommables associés, ainsi que de dispositifs de gestion d’images médicales.
En 2004, le groupe parle de « refondation ». Et en 2008, Fujifilm achète Toyama Chemical pour 130 milliards de yens (près d’un milliard d’euros actuels). Le groupe expliquait alors que son portefeuille d’activités comporterait trois gros ensembles : l’image et la bureautique, les matériaux et composants et la santé. La santé c’est, ajoutait-il, la prévention (avec des compléments alimentaires, des cosmétiques), le diagnostic (radiographie, mammographie, endoscopie, échographie) et le traitement (médicaments).
En 2011, Fujifilm achetait au groupe américain Merck deux filiales de biopharmacie devenues depuis Fujifilm Diosynth Biotechnologies. L’une d’elles vient d’annoncer l’acquisition du fabricant américain de vaccins Kalon Biotherapeutics.
Expertise chimique
Fujifilm avait une autre raison de s’orienter dans cette direction : son expertise dans le domaine chimique acquis avec la photo argentique. La firme connaissait par exemple parfaitement le collagène, ce qui lui a permis ensuite de développer en 2006 une gamme de produits anti-âge (Astalift) en bonne place dans les commerces spécialisés aux côtés de ceux de L’Oréal et d’autres grandes marques du secteur.
Les activités de santé de Fujifilm Holdings ont totalisé un chiffre d’affaires de 380 milliards de yens (2,8 milliards d’euros) pour l’exercice 2013-2014, un total que le groupe espère faire grimper à 1 000 milliards de yens en 2018-2019.
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