Mise en place le 1er décembre 2017 au plus fort de la crise du Lévothyrox, la mission « Information et médicament », coprésidée par le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste, et Magali Leo, représentante d'association de patients, a rendu ce lundi 3 septembre son rapport à la ministre de la Santé.
La mission reconnaît que la crise liée au changement de formule du Lévothyrox a révélé « de manière particulièrement aiguë les dysfonctionnements possibles en matière d'information et de communication ». Son diagnostic est loin d'être flatteur pour les autorités sanitaires : « absence d'anticipation et d'accompagnement », « absence de réaction aux nombreux signaux facilement repérables sur la toile », « moment mal choisi pour communiquer », « communication de crise artisanale et insuffisamment coordonnée », ou encore « forme du message qui a prêté à confusion ». « Les courriers envoyés aux médecins généralistes et endocrinologues à l'en tête du laboratoire ont été perçus comme étant de l'information à caractère promotionnel », tacle la mission.
Pour améliorer l'information des usagers et des professionnels de santé, les auteurs ont listé plusieurs mesures. Première d'entre elle : identifier l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) comme autorité de santé responsable de la communication et centraliser l'information sur le médicament, aujourd'hui « trop fragmentée », sur une plateforme en ligne nommée Médicament Info Service.
Cette plateforme se composerait d'un volet d'information sur le médicament en général, un volet d'information sur les molécules (par pathologie, par classe ou sous classe thérapeutique, par spécialité) et un volet interactif pour le grand public et les professionnels de santé.
Par ailleurs, la mission suggère d'améliorer les fonctionnalités de la base de données publique des médicaments, qui « a vocation à constituer l’un des volets du site Médicament Info Service ». Pour les professionnels de santé, l’amélioration de l’information passerait notamment par l’ajout, dans la base, « des restrictions de prescription (notamment pour les médicaments à prescription spécifique) et des indicateurs ROSP associés ».
Les auteurs évoquent la mise en place d'outils d'aides à la décision (arbres décisionnels), « une synthèse du RCP » (résumés des caractéristiques du produit, NDLR) ou encore un « glossaire des effets secondaires », « qui afficherait en surbrillance la traduction dans le langage commun des effets secondaires fréquemment mentionnés dans les notices avec une terminologie complexe ».
Pour optimiser et « faciliter la coordination » entre les médecins et les pharmaciens d'officine, la mission met l'accent sur une meilleure connaissance des dossiers dématérialisés comme le dossier pharmaceutique ou encore le dossier médical partagé (DMP) nouvelle formule, que l'assurance-maladie devrait généraliser à compter du mois d'octobre.
Pour délivrer une « information en vie réelle sur le médicament », « l’horizon désormais crédible d’une mise en œuvre du DMP permet d’envisager à moyen terme de coupler les données médico-administratives avec de l’information clinique, sous réserve que les professionnels de santé se saisissent de l’outil et jouent le jeu de la structuration de la donnée », espèrent les auteurs.
Rendre public le respect du DPC
Une autre piste d'amélioration concerne directement les prescripteurs (médecins, sages femmes et dentistes). Aux yeux des auteurs du rapport, la prescription est « un moment à la fois extrêmement fréquent et ritualisé et souvent banalisé », « alors qu'il devrait être un moment central d’information du patient et, pour le professionnel, de prise de conscience de sa responsabilité médico-légale ».
Pour changer la donne, la mission estime qu'il sera non seulement nécessaire d'améliorer les ressources publiques mises à̀ la disposition des professionnels sur le médicament via la plateforme Médicament Info Service mais aussi sur la formation des médecins.
Pour la formation initiale, le rapport plaide en faveur d'un enseignement généraliste sur le médicament, d'une meilleure sensibilisation des étudiants sur les liens d'intérêt et sur la manière de gérer leurs relations avec les industriels.
Concernant la formation continue, la mission n'est pas tendre. Déplorant le respect « insuffisant de l'obligation triennale de formation continue » par les médecins, elle propose de rendre publique « l'information selon laquelle le professionnel a bien rempli ses obligations en matière de formation, sur l'annuaire Ameli par exemple ».
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