Le président du comité économique des produits de santé (CEPS) s’explique sans fard sur la politique de prix des médicaments actuelle et à venir.
LE QUOTIDIEN : En matière de prix, comment concilier les contraintes européennes et les impératifs nationaux de régulation ?
DOMINIQUE GIORGI : Pour quelques médicaments chaque année, la France établit ses prix en référence avec ceux des principaux Etats européens comparables, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Il s’agit des seuls produits dits « innovants », qui bénéficient d’une « amélioration de service médical rendu» élevée. En pratique, le plus souvent, les prix fixés en France se situent en bas du couloir européen. J’ajoute que le prix ainsi fixé ne l’est que de manière temporaire. Il peut, en toute hypothèse, être modifié après cinq ans de commercialisation sans tenir compte des références internationales.
Mais bien avant, sur base conventionnelle, les prix peuvent évoluer, en cas d’extension d’indication du produit. C’est le cas aussi si l’évaluation du produit change ou si les prix ou les volumes de ventes constatés chez nos voisins évoluent. Enfin, dernier élément essentiel, au-delà du prix fixé, les entreprises concernées peuvent verser des remises à l’assurance maladie. Le plus souvent, celles-ci sont liées aux volumes de ventes envisagés.
La régulation exceptionnelle des dépenses des traitements de l’hépatite C pose la question de la soutenabilité du financement de l’innovation. Quelles mesures pérennes préconisez-vous ?
Le CEPS a assuré et assure toujours l’accès de tous les malades qui en relèvent aux produits de santé nouveaux et innovants. Contrairement à d’autres Etats qui sont conduits à limiter cet accès, d’une manière souvent opaque, la France peut, de ce point de vue, afficher des résultats remarquables, par exemple dans les domaines de l’oncologie ou des maladies rares. À ce jour, aucune innovation confirmée ne manque à l’arsenal thérapeutique des médecins prescripteurs.
Mais pour les nouveaux médicaments de l’hépatite C, ce qui pose problème c’est la charge budgétaire globale des traitements, étant donné le nombre de malades à traiter et les prix revendiqués par les laboratoires. Cette charge n’est pas soutenable en l’état. À nous de négocier les prix à un niveau qui permette de traiter les patients concernés, tels que définis par les autorités sanitaires, et pour une dépense totale raisonnable. C’est faisable.
Dans les prochaines années, de nombreuses molécules innovantes vont arriver sur le marché. Le CEPS est capable de négocier des coûts de traitement soutenables, à condition que les laboratoires se montrent responsables. Il faudra s’interroger sur trois sujets. Comment continuer à faire des économies et donc à créer de l’espace de financement pour les innovations ? Il faudra sans doute considérer que le médicament produit aussi des économies dans le système de santé en général, par exemple à l’hôpital lorsqu’il permet de réduire les prises en charge, voire de les éviter. Comment faire fonctionner la régulation annuelle des dépenses de médicaments ? Enfin, ne doit-on pas réfléchir aux conditions d’accès des produits, et surtout à la liberté tarifaire en situation d’ATU ou post-ATU ?
Où en sont les négociations que mène le CEPS avec le laboratoire Gilead qui fabrique le Sovaldi ?
La négociation avec Gilead est en réalité assez classique. Elle vise à faire baisser significativement le prix affiché, par rapport au prix libre de la boîte tel que demandé actuellement sous statut post ATU, soit 18 667 euros, et un coût de traitement de 56 000 euros pour 12 semaines à 112 000 euros pour 24 semaines. Elle vise également à obtenir des remises, compte tenu du nombre de patients très élevé que la France prend en charge.
Ce qui rend le débat actuel plus complexe, c’est qu’il faut simultanément prendre en compte de nouveaux modes de prises en charge avec les associations libres entre sofosbuvir (Sovaldi) et d’autres agents antiviraux, siméprévir (Olysio) et daclatasvir (Daklinza). Et il faut aussi anticiper l’arrivée à brève échéance de l’association fixe d’antiviraux de Gilead, et, courant 2015, de celle d’Abbvie. Nous négocions en réalité dès maintenant un coût de traitement global et non le prix du seul Sovaldi. S’agissant de Sovaldi, la négociation devrait être finalisée dans les toutes prochaines semaines et se traduire par des économies importantes par rapport aux prix pratiqués actuellement.
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