À l’occasion de la réunion du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), Emmanuel Macron a présenté, ce mardi, devant les dirigeants des groupes pharmaceutiques industriels français et étrangers, ses ambitions pour l’innovation en santé.
Le chef de l'État veut faire de la France « la première nation innovante en santé en Europe, à l’horizon 2030 ». Une centaine de mesures ont déjà été avancées pour recouvrer attractivité et souveraineté sanitaire. « Nous avons désormais une stratégie puissante en matière d’innovation en santé, pour franchir un cap et retrouver la place qu’avait perdue la France », martèle l’Élysée.
Car la séquence récente a été plutôt douloureuse. « La crise sanitaire a révélé la baisse de niveau de la France, sur les vaccins ou sur les essais cliniques par exemple, un nombre important d’entre eux n’ont pas été mené à terme », analyse le chef de l'État. Numérique, intelligence artificielle, thérapie génique, ARNm… « Dans cette accélération forte des technologies mondiales, nous considérons que la France n’est pas forcément bien positionnée à ce stade », poursuit-il, avec la crainte, à terme, du décrochage du rayonnement scientifique et industriel du pays.
Sept milliards de crédits sur cinq ans
Si la France décroche, c'est en partie à cause de la baisse massive des investissements dans la recherche publique, « qui s’accélère en France et en Europe », souligne l’Élysée. Sur les dix dernières années, les sommes allouées au financement de la recherche santé ont chuté de 25 %. En Allemagne, ces investissements ont augmenté de 25 % sur la même période. Actuellement, seulement 2,2 % du PIB est attribué à la recherche et au développement dans l'Hexagone.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron souhaite « réinvestir massivement dans le domaine des sciences de la vie et de la santé ». Sept milliards d’euros de crédits seront accordés au secteur dans les cinq prochaines années pour financer, entre autres, la recherche publique, les industriels et les start-up.
Trois programmes majeurs, jugés stratégiques, vont être renfloués : les biothérapies, les maladies émergentes et infectieuses et la santé numérique. Cette dernière bénéficiera de 650 millions d’euros supplémentaires, en sus des deux milliards d’euros accordés dans le cadre du Ségur du numérique. Une centaine de millions d’euros seront alloués spécialement à la formation en santé numérique. « Nous espérons que ces financements exerceront un levier important sur les secteurs privés », souffle l’Élysée, qui espère mobiliser « de gros investisseurs privés ».
Une nouvelle Agence !
Autre volonté d’Emmanuel Macron, « soutenir l’excellence et faire revenir les talents qui ont quitté la France » comme Stéphane Bancel, PDG de Moderna expatrié aux États-Unis ou Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de chimie, qui travaille en Allemagne. « Nous allons accorder des moyens – trois à cinq millions d’euros chacun – pour attirer ces chercheurs mais aussi faire des investissements dans les infrastructures type clusters de technologie », confie l'Élysée.
Et pour booster l’accès à l’innovation, Emmanuel Macron recycle le « choc de simplification » : raccourcissement des délais d’accès au marché pour les médicaments, simplification des essais cliniques, négociation de prix écourtés…
Le président officialise également la création de « l’Agence de l’innovation en santé », nouvelle entité attendue début 2022. « Nous avons constaté qu’il y avait trop d’acteurs différents auxquels s’adresser pendant la pandémie, nous avions besoin d’un guichet unique qui centralise tous les besoins » – de la recherche aux industriels.
Enfin, pour relocaliser la production de médicaments en France et en Europe, le président de la République ouvre les vannes : deux milliards d’euros seront investis dans les cinq prochaines années par BPI France en subventions et prêts aux start-up et PME du secteur de la santé. « Nous souhaitons aussi tourner davantage la logique d’achat hospitalier vers les PME qui produisent en France », poursuit l’Élysée. Les crédits CSIS, mis en place pour financer les industries qui relocalisent leur production sur l’Hexagone, seront renforcés.
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