« Ce que l’on ne veut plus, c’est nous retrouver dans une situation pareille à celle qui a suivi le tsunami de 2004 en Indonésie. Certains dispositifs d’aide n’ont jamais été utilisés parce qu’ils avaient été mal déployés. C’est insupportable car nous vivons des dons, et ils sont précieux. »
Choqué par la situation qu’il décrit, le Prince Pieter-Christiaan Oranje van Nassau, membre de la famille royale et vice-président de la Croix Rouge néerlandaise, a décidé de constituer une équipe de spécialistes de l’analyse de données (le big data) au sein de la Croix Rouge de son pays.
Baptisée 510 en référence aux millions de mètres carrés constituant la surface du globe, cette équipe de 50 scientifiques, localisée à Amsterdam et spécialisée dans le traitement de la donnée scientifique, a pu tester son efficacité après le passage de l’ouragan Irma ayant frappé mi-septembre l’île de Saint-Martin, pour moitié française et néerlandaise. Toute la nuit et le jour suivant la catastrophe, l’unité 510 a croisé les vues satellites et aériennes prises par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) français avec les photos fournies par les équipes au sol ainsi que celles des drones et des hélicoptères.
Géolocaliser à distance le camp des soignants
« L’île compte des milliers d’immigrés clandestins qui vivent dans des cahutes sans être vraiment répertoriés jusqu'ici. Grâce aux images fournies par la France, nous avons pu établir un décompte précis de cette population. Étant la plus vulnérable, c'est vers elle qu'il a fallu se tourner en premier lieu », a détaillé le Prince Pieter-Christiaan à l'occasion d'une présentation de l'équipe 510, lors de la convention européenne de l’entreprise informatique américaine SAS, à la mi-octobre. Les experts ont également utilisé les outils technologiques et informatiques pour identifier les points d’eau les moins touchés par l'ouragan afin d'établir des camps à la localisation pertinente en termes de sécurité et d'accès pour les équipes soignantes et la logistique.
L’équipe 510 n’a pas vocation à se substituer aux équipes sanitaires présentes sur le terrain, quand bien même certains de ses membres se sont rendus immédiatement à Saint-Maarten (la partie néerlandaise de l'île), pour prendre part au poste de crise. « Il ne s’agit pas de dire aux spécialistes ce qu’ils doivent faire mais de fournir le plus rapidement possible une aide à la décision à travers une information partagée, précise Stefania Giodini, la responsable de l'unité. En cas d’inondations, installer un hôpital de campagne dans le lieu à la fois le plus sûr et le plus utile est crucial. Or, sur certaines zones, les personnes ayant la mémoire des événements passés sont parfois peu nombreuses et occupées à d’autres tâches que le renseignement. Intégrer la mémoire des événements à l’informatique prend ici tout son sens et permet justement au médecin, au logisticien et tout autre spécialiste présent sur place de se consacrer pleinement à son métier. »
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