Editorial

De Modiano à Descartes

Publié le 13/10/2014
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La Suède vient de décerner le Prix Nobel de littérature à Patrick Modiano. Récompensé pour son « art de la mémoire avec lequel il a fait surgir les destins les plus insaisissables », l’écrivain rejoint quatorze autres lauréats français – un record en la matière, les États-Unis, deuxième, n’en comptant « que » 12. Écrivain de la trace, Modiano appréciera sans doute de se glisser aussi dans celle d’un des plus grands de tous : l’auteur des Méditations philosophiques. C’est en effet à Stockholm qu’est mort et enterré René Descartes en février 1650 et l’histoire de son crâne et de sa récupération est digne d’un roman policier. Les restes du mathématicien sont retournés en France en 1666 mais son crâne, lui, a été dérobé par un des gardes suédois, chagriné que son pays puisse être complètement privée « des restes d’une personne aussi célèbre ». La disparition n’est constatée qu’en 1818, à l’occasion d’une nouvelle inhumation. C’est finalement le chimiste suédois Berzelius qui retrouva le crâne manquant, le racheta à un exploitant de casino suédois et le rendit à l’Académie des Sciences en 1821. La pièce dûment authentifiée vient d’être analysée au scanner par l’équipe du Dr Philippe Charlier, spécialiste des énigmes médico-historiques. Les résultats publiés dans une lettre de la revue « The Lancet » du 11 octobre révèlent « une masse dense radio-opaque de 3 cm sur 1,8 cm dans le sinus ethmoïdal droit ». Descartes avait d’un ostéome géant, une tumeur bénigne qui n’aurait pas empêché son immense œuvre et surtout ne serait pas responsable de son décès, lié plutôt à une pneumonie, assurent les spécialistes.

Dr Lydia Archimède

Source : Le Quotidien du Médecin: 9356