Décrite depuis au moins trois millénaires, la peste a longtemps ravagé le monde, surtout au Moyen Age. Ainsi la peste noire qui sévit entre 1347 et 1352 en Europe extermina, selon les estimations, entre 25 et 50 % de la population. La France qui comptait alors 17 millions d’habitants a vu sa population péricliter pour ne plus atteindre que les 10 millions d’habitants. Le terrible fléau, déjà décrit dans l’Ancien testament (Le roi David est châtié par Dieu et doit faire le choix entre subir sept années de famine, trois mois de guerre ou trois jours de peste ; il choisit la peste , Livre II Samuel 24), fut auusi décrit par Homère dans l’Iliade comme la vengeance d’Apollon.
Jusqu’au XVIIIe siècle, d’autres épidémies allaient se succéder, faisant des coupes claires dans la population comme ce fut le cas à Toulouse en 1628, à Londres en 1665 ou à Marseille en 1720.
La dernière pandémie, qui commença en 1894, permit de découvrir le bacille responsable de la peste gràace à Alexandre Yersin. D’origine suisse, Alexandre Yersin, après avoir entaméi des études de médecine à Lausanne, puis à Marburg, en Allemagne, les avait poursuivis à Paris, à l’Hôtel-Dieu où le hasard lui fit rencontrer Emile Roux. Celui-ci lui trouva une place dans le laboratoire de Louis Pasteur, à l’Ecole normale supérieure et Yersin participa ainsi aux séances de vaccination contre la rage.
Après avoir été reçu à l’externat des hôpitaux de Paris en 1887, Yersin soutint sa thèse l’année suivante. Cette « Etude sur le développement du tubercule expérimental » lui valut une médaille de bronze de la Faculté de médecine de Paris. Après avoir été enrichir ses connaissances en bactériologie à Berlin auprès de Robert Koch, Yersin fut engagé comme préparateur du premier cours de microbiologie de l’Institut Pasteur, obtenant dans la foulée sa naturalisation française.
Puis, en 1890, Yersin est engagé comme médecin des Messageries maritimes sur des bateaux effectuant la liaison Saïgon-Manille. Il profita de ses moments de loisirs pour explorer la Cochinchine.
Lorsque l’épidémie de peste qui sévissait jusque là en Mongolie atteignit en 1894 les côtes sud de la Chine et plus particulièrement Hong Kong, le gouvernement français et l’Institut Pasteur mandatèrent Yersin pour étudier la nature de l’épidémie.
Arrivé à Hong Kong, Yersin découvrit une ville fantôme et des rues désertées de leurs habitants. Installant un laboratoire de fortune dans une cabane de bambou dans les jardins de l’hôpital de Hong Kong, avec un matériel précaire qu’il a emprunté au laboratoire de microbiologie de l’hôpital de Saïgon, Yersin commença ses recherches. Dans le même temps, une équipe de chercheurs japonais dirigée par Shibasaburo Kitasato cherchait, elle aussi, à identifier la nature de la maladie. Pour effectuer leurs travaux, Yersin comme les Japonais avaient besoin de cadavres de pestiférés à fin de les autopsier. Yersin se rendit vite compte que l’Etat anglais qui régissait Hong Kong délivrait plus d’autorisation d’autopsies aux savants nippons qu’à lui-même, ceux-ci ayant vraisemblablement soudoyé les autorités britanniques…
Néanmoins, c’est à Yersin que reviendra le 19 juin 1894 la satisfaction d’isoler un microbe inconnu sur des cadavres de soldats anglais alors en garnison à Hong Kong, lequel microbe se révéla être le bacille de la peste bubonique. Peu après, il arriva à communiquer la maladie à des souris et à des cochons d'Inde. Le fait que le groupe ne disposât pas d'un incubateur, à la différence de Kitasato, et qu'il eut à faire ses cultures bactériennes à la température de l'air ambiant fut en réalité une circonstance favorable car, dans des conditions de laboratoire, Yersinia pestis se développe mieux à des températures plus basses que celle du corps humain. Avec des moyens dérisoires, Yersin aura donc réussi en trois semaines à isoler le bacille de la peste...
Dans un premier temps, Yersin, beau joueur, partagea l’honneur de sa découverte avec Kitasato en parlant du bacille Kitasato-Yersin. Mais, gentleman lui aussi, Kitasato qui, pour sa part, n’a découvert qu’un streptocoque pendant que Yersin isolait le microbe responsable de la peste, insistera en 1899 pour qu’on ne parle plus désormais que du bacille de Yersin, laissant au savant français tous les mérites de la découverte.
Mais bien qu’ayant réussi à isoler ce microbe responsable de millions de morts au fil des siècles, Yersin ne parviendra jamais à résoudre le problème de la transmission de la maladie du rat à l’homme. Ce sera, en 1898, Paul-Louis Simond qui établira avec certitude à Karachi que c’est la puce qui transmet le bacille par sa piqûre.
Yersin, après sa découverte retourna en Indochine où la population locale le considérait comme un héros. Le médecin franco-suisseest mort le 28 février 1943 dans sa maison de Nha Trang. Son catafalque fut suivi par une foule immense qui vénérait cet exemple de dévouement qui soignait gratuitement les plus démunis
Son corps est inhumé sur une petite colline de laquelle il pouvait contempler la montagne où il avait réussi à faire pousser l’arbre à quinine.
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