Face à l’augmentation de la prescription d’analogues du GLP-1 (aGLP-1), dont les principaux effets indésirables sont gastriques, cinq sociétés savantes américaines de chirurgiens, anesthésistes et gastro-entérologues* ont rédigé un guide pour la prise de décision partagée sur le bon usage des aGLP-1 en péri-opératoire, pour des chirurgies électives ou des endoscopies gastro-intestinales. « L’objectif est d'offrir des conseils unifiés et consensuels pour gérer en toute sécurité les patients ayant besoin d'un traitement par aGLP-1, quelle que soit l'indication, au cours de la période péri-opératoire », détaillent les auteurs des recommandations.
La plupart des patients peuvent continuer leur traitement avant une intervention chirurgicale. En revanche, les patients chez lesquels le risque d’effets secondaires gastro-intestinaux est élevé et pour qui l’arrêt des aGLP-1 est délétère doivent suivre un régime liquide pendant 24 heures avant l’intervention. Dans certaines situations, le traitement sera interrompu ou la chirurgie reportée. Les cinq sociétés savantes n’écartent pas la possibilité que ces recommandations puissent être modifiées avec les futures générations de médicaments anti-obésité.
Les aGLP-1 retardent la vidange gastrique
Le GLP-1 étant l’hormone du « frein iléal », les analogues du GLP-1 retardent la vidange gastrique et ainsi le risque de contenu gastrique résiduel le jour de l’opération, malgré un jeûne. Ces résidus augmentent le risque de complications sévères, comme l’aspiration pulmonaire du contenu, déjà observée chez des patients sous aGLP-1.
De plus, les effets secondaires les plus courants des aGLP-1, tels que nausées, vomissements, douleurs abdominales et constipation, compliquent le suivi pré et post-opératoires. Cependant, suspendre la prise d’un aGLP-1 peut comporter certains risques, notamment d’hyperglycémie chez les personnes diabétiques.
Les recommandations en bref
Les recommandations insistent sur le fait que la décision de continuer ou non les aGLP-1 jusqu’à l’opération doit être multidisciplinaire et se faire en fonction des risques individuels. Ainsi, la phase d’attaque d’un traitement par aGLP-1, les dosages élevés, une administration hebdomadaire, la présence de symptômes gastro-intestinaux (GI) et les pathologies pouvant exacerber les symptômes GI (maladie de Parkinson par exemple) augmentent le risque de retard de la vidange et d’aspiration. Dans ces cas de figure, les auteurs recommandent l’interruption ou le switch de traitement.
Cependant, si l’on craint un déséquilibre métabolique ou que le switch thérapeutique s’avère difficile, la continuation du traitement peut être envisagée. Pour ces patients, les sociétés savantes prévoient plusieurs mesures comme l’adoption d’un régime liquide pendant 24 heures ou encore l’adaptation du protocole d’anesthésie.
De manière générale, une évaluation le jour de l’opération est préconisée à la recherche de symptômes évoquant un retard de vidange gastrique. En cas de vidange incomplète, la prise de décision, là encore partagée, doit envisager les avantages et les risques d'une autre stratégie d’anesthésie par rapport à l'annulation de l’intervention. « Le guide fait également remarquer que le fait de cesser le traitement par aGLP-1 aux seuls patients obèses ou en surpoids pourrait constituer un biais ou une discrimination et devrait être évité », détaillent les auteurs.
* American Society for Metabolic and Bariatric Surgery (ASMBS), American Society of Anesthesiologists (ASA), American Gastroenterological Association (AGA), International Society of Perioperative Care of Patients with Obesity (ISPCOP) et Society of American Gastrointestinal and Endoscopic Surgeons (SAGES)
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