Tabac, alimentation, énergies fossiles et alcool à l’origine de 2,7 millions de décès par an en Europe, l’OMS appelle à agir

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Publié le 12/06/2024

Dans un rapport dévoilé ce 12 juin, le bureau européen de l’OMS encourage les États du continent à contrer l’influence commerciale des industries qui « interfèrent avec les efforts de prévention et de lutte contre les maladies non transmissibles ».

Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est un appel clair à lutter contre l’influence de certaines industries « puissantes », responsables « de problèmes de santé et de mortalité prématurée », qu’adresse le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) aux 53 États membres de l’agence sur le continent.

Dans un rapport présenté ce 12 juin à Bruxelles, l’OMS pointe en particulier 4 industries : celles du tabac, de l’alimentation ultratransformée, des combustibles fossiles et de l’alcool. Ces secteurs sont à eux seuls responsables entièrement ou partiellement de 2,7 millions de décès par an dans la région Europe (19 millions de décès par an dans le monde, soit 34 % de la mortalité totale), est-il estimé.

Des stratégies qui ciblent les plus vulnérables

Ces industries « bloquent les réglementations qui permettraient de protéger le public contre les produits nocifs et le marketing délétère, et de protéger la politique de santé contre l’ingérence de l’industrie, commente le Dr Hans Kluge, directeur régional de l’OMS, dans un communiqué. Les tactiques de l’industrie consistent à exploiter les personnes vulnérables par des stratégies de marketing ciblées, à tromper les consommateurs et à effectuer de fausses déclarations sur les bénéfices de leurs produits ou sur leur performance écologique ».

Le rapport détaille le « large éventail de tactiques employées par les industriels pour maximiser leurs profits et nuire à la santé publique. » Ces grandes firmes « interfèrent avec les efforts de prévention et de lutte contre les maladies non transmissibles », est-il déploré. Elles dépensent « des ressources considérables pour s’opposer aux réglementations d’intérêt public, manipuler les preuves scientifiques et le discours public ». Elles œuvrent également « à faire supporter aux populations et à l’environnement le coût des dommages qu’elles causent, en aggravant ainsi la charge des maladies non transmissibles », est-il ajouté.

« Nous devons vraiment changer notre façon de penser. Pendant trop longtemps, nous avons considéré que les facteurs de risque étaient essentiellement liés à des choix individuels. Nous devons redéfinir le problème comme un problème systémique où la politique doit contrer les “environnements d’hyperconsommation”, restreindre le marketing et mettre fin à l’ingérence dans l’élaboration des politiques », explique Frank Vandenbroucke, vice-premier ministre belge et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique.

Contrer l’influence commerciale par la réglementation

Pour contrer « l’ampleur et la profondeur de la mainmise des entreprises sur les politiques publiques », l’OMS appelle les 53 États membres de l’OMS dans la région européenne à agir. La lutte contre « l’influence commerciale » passe par des réglementations plus strictes sur « le marketing de produits nocifs pour la santé », « la transparence, le lobbying, le financement et les conflits d’intérêts », « l’imposition des sociétés multinationales » ou encore « le financement et le soutien des organisations de la société civile afin de garantir leur indépendance », est-il listé. La santé publique doit aussi devenir une priorité des accords commerciaux ou des législations économiques, encourage l’OMS.

Malgré quelques victoires, « il reste encore beaucoup à faire pour aider les responsables politiques et les groupes d’intérêt public à contrer le pouvoir, les ressources et le lobbying de l’industrie », est-il rappelé.

« Les pratiques insidieuses des puissantes industries ne datent pas d’hier, et elles ne disparaîtront pas facilement. Il s’agit d’un effort à long terme qui nécessite avant tout une volonté politique », conclut le Dr Gauden Galea, conseiller stratégique auprès du directeur régional de l’OMS.


Source : lequotidiendumedecin.fr