Pour lutter contre l'errance diagnostique dans l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), la campagne Itinér’Air, menée par le laboratoire Chiesi France, sensibilise à la mesure du souffle en régions. Lancée en novembre 2022, Itinér’Air a fait escale lors de sa première édition dans cinq grandes villes de France, puis elle a élargi son impact en 2023 avec un total de 883 spirométries réalisées.
Cette année, pour sa troisième édition, le dispositif Itinér’Air se déploie (de janvier à octobre 2025) dans six nouvelles villes : Liévin, Marseille, Nancy, Dijon, Grenoble et Paris. Itinér’Air est un dispositif construit en deux parties. « En journée, sur le village Itinér’Air, les passants peuvent tester leur souffle via un spiromètre connecté. Ceux qui le nécessitent seront orientés vers un parcours de soins adapté, décrit la Dr Christine Contré, directrice médicale de Chiesi France. En soirée, des réunions permettent d’échanger entre professionnels de santé, associations de patients, collectivités, autorités de santé et élus locaux. L’objectif : discuter de la prévention et de la prise en charge des pathologies respiratoires, tout en proposant des solutions concrètes au territoire concerné. »
En France, l’asthme touche plus de 4 millions de personnes et la BPCO 3 à 3,5 millions d’individus. L’errance diagnostique reste un problème majeur : environ 60 % et 90 % des patients atteints de BPCO ne sont pas diagnostiqués. Pour l’asthme, le sous-diagnostic concerne 20 % à̀ 70 % des adultes. « La mesure du souffle par spirométrie devrait être effectuée chez tous les patients, quel que soit leur âge. La BPCO n'est pas réservée aux adultes fumeurs, elle peut être présente dès la naissance. Par ailleurs, les trois quarts des enfants asthmatiques ont une fonction respiratoire diminuée à l'âge adulte. Tous ces patients nécessitent un dépistage et une prise en charge précoces », souligne le Pr Colas Tcherakian, pneumologue à Suresnes.
Structurer la politique de santé respiratoire
Or, aujourd'hui, seul un tiers des Français a effectué une mesure du souffle au moins une fois dans sa vie. Pire, plus de la moitié de la population n'a jamais entendu parler de spirométrie. Cet examen reste souvent pratiqué à l'hôpital. Faciliter son accès en médecine de ville pourrait améliorer le diagnostic. « Il faut partir des symptômes – toux, essoufflement, expectorations, bronchites à répétition – et tenir compte de l'environnement du patient (tabagisme, allergie, profession à risque, pollution… ). En fonction de ces éléments, il faut envisager une mesure du souffle et un bilan complet, si besoin », assure le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue à Toulon et président de l’association Santé respiratoire France.
Dans son rapport, la Cour des comptes met en exergue l'absence de politique de santé respiratoire structurée en France. Et cela, alors même que les outils pour la déployer existent. « La nouvelle convention médicale mentionne l'intérêt de mettre en place des équipes de soins spécialisées (ESS) : des professionnels de santé s'accordant entre eux sur un territoire donné (département, région) pour mettre en œuvre des actions communes. Elles peuvent également collaborer avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Dans le Var, nous sommes en train de créer une ESS dont l'une des missions sera de détecter les maladies respiratoires chroniques. Le rôle des infirmiers en pratique avancée (IPA), en la matière, sera primordial », précise le Dr Le Guillou.
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