L'ambiance était tendue lors de l'audition des dirigeants d'Orpea par les députés membres de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale le 2 février dernier. Alors que les députés en colère attendaient des explications "claires", le président et le directeur général du groupe ont tenté d'égrainer des chiffres et leur cahier des charges, tout en rejetant les erreurs éventuelles sur leurs prestataires ou sur des erreurs de financement dus aux autorités sanitaires. Philippe Charrier, le PDG d'Orpea, a reconnu des « imperfections », mais conteste l'essentiel de l'affaire : « Il y aurait un système Orpea qui consisterait à optimiser le profit pour rogner sur nos prestations. Je vous l'affirme, ce système n'existe en aucun cas dans nos Ehpad chez Orpea.» Bref, au lieu de reconnaître les faits, c'est un déni dans la bouche des dirigeants qui se disent « choqués et meurtris par le contenu du livre. Il n'y a pas de volonté manifeste au sens d'un système organisé pour conclure à un fonctionnement déshumanisé ne nous correspond pas à ce que nous prônons depuis des années ».
Terminologie
Tout est question de terminologie pour les dirigeants d'Orpea. Au terme de "maltraitance", ils préfèrent celui d'"événement indésirable" dans les Ehpad. Selon le directeur général, Jean-Christophe Romersi : « En 2016, nous avons déclaré 149 événements indésirables, dont 12 suspicions de maltraitance (SM), en 2017 289 EI dont 39 SM, en 2018 256 EI dont 19 SM, en 2019 421 EI dont 29 SM, en 2020 292 EI dont 24 SM et en 2021 391 EI dont 36 SM. » Et de rester ouvert à des visites inopinées (dont il a également égrainé les chiffres) en forte baisse depuis le début de la pandémie.
Monstre froid
Face à eux, les députés remontés ont sans cesse précisé leurs intentions de faire la lumière sur les faits, en vain. François Ruffin (LFI) : « J'attends de votre part sinon des excuses, au moins une remise en cause. Mais je n'entends rien de la sorte. J'entends des erreurs regrettables, mais il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. L'absence de remise en cause me paraît au moins aussi grave que le système qui a perduré. Comme si le monstre froid était incapable de se remettre en cause à ce moment-là. »
Prime de départ
Quant à Jeanine Dubié (députée Liberté et Territoires), ancienne directrice d'Ehpad, certaine que ces faits donneront lieu à une enquête pénale, elle s'interroge sur le salaire annuel de l'ancien directeur général, estimé à 1,3 million d'euros, défalqué sur la section hébergement et impactant donc le prix de journée hébergement : « Nous espérons que la prime de départ d'Yves Le Masne qui s'élève à 24 mois, soit 2,6 millions d'euros, ne sera pas prélevée sur ce prix d'hébergement, mais sur les montants attribués aux actionnaires », a-t-elle martelé.
Déception de la représentation nationale
Rien n'y a fait pour obtenir des éléments, à tel point que Fadila Khattabi, la présidente de séance a préféré arrêter l'audition, pointant la déception de la représentation nationale face à l'absence de réponses de la part des dirigeants d'Orpea. Et de se réjouir de la double enquête lancée par Brigitte Bourguignon, ministre de l'Autonomie, qui a saisi l'Igas et l'IGF.
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