Pfas : le gouvernement annonce un plan d’actions et son soutien à une restriction européenne de ces « polluants éternels »

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Publié le 18/01/2023

Crédit photo : AFP

La France va soutenir le projet de restriction de fabrication et d’usage des Pfas (substances per- et polyfluoroalkylées), a indiqué le gouvernement qui présentait le 17 janvier son plan d’actions contre ces substances appelées « polluants éternels ». Porté par plusieurs États européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège) qui jugent que ces substances ne sont « pas contrôlées de manière adéquate », ce projet doit être détaillé le 7 février.

« La priorité des autorités françaises est l'aboutissement du processus d'interdiction en cours au niveau européen, pour supprimer les risques liés aux Pfas », a souligné Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Ces composés chimiques de synthèse, regroupant plus de 4 700 molécules au cycle de vie très long, sont soupçonnés pour certains d'avoir un impact néfaste sur la santé, avec des conséquences hépatiques, une réponse immunitaire réduite et plusieurs cancers. Ces substances aux propriétés anti-adhésives, imperméables et résistantes à la chaleur sont présentes dans de nombreux produits du quotidien, des produits en téflon aux emballages alimentaires, en passant par certains textiles.

Une pollution certainement « sous-estimée »

Une récente analyse de l’association Générations futures estimait que la présence des Pfas dans les eaux en France est « probablement sous-estimée ». Aux États-Unis, des chercheurs ont également établi, dans « Environmental Research », à partir de l’analyse de 500 échantillons prélevés dans les lacs et rivières américains entre 2013 et 2015, que la consommation d’un poisson d'eau douce équivaut à boire de l'eau contaminée avec ces polluants durant un mois.

Face à l’omniprésence de ces substances dans l’environnement et leur persistance, le gouvernement a détaillé son plan d’actions. « Il s'agit dans un premier temps de mieux connaître ces substances dans l'environnement, les quantifier et les mesurer, et ensuite de mettre en place des actions de réduction à la source chez les principaux émetteurs », indique le ministre.

Parmi les mesures annoncées, le plan amorce une « démarche d'identification des sites industriels potentiellement émetteurs de quantités significatives de Pfas ». Les usines de fabrication de mousse anti-incendie ou encore de poêles anti-adhésives devront mener des analyses en préambule à une « démarche de réduction » des rejets. Le site Arkema de Pierre-Bénite (Rhône) - récemment envahi par des activistes de la défense de l'environnement - doit être « préfigurateur » de cette démarche d'identification et de diminution.

Le plan prévoit également d’effectuer une surveillance des eaux, de « disposer de normes pour guider l’action publique » ou encore de « réduire les émissions des industriels de façon significative ». Mais « les mesures proposées restent très floues et ne contraignent toujours pas les industriels à limiter leurs rejets de Pfas », regrette François Veillerette, porte-parole de Générations futures, dans un communiqué qui salue tout de même le soutien de la France au projet européen de restriction.

Un manque d’ambition, selon Générations futures

Sur la surveillance des eaux de surface, l’association estime que le plan n’apporte « absolument aucune garantie » que la France suive ce que prévoit la Commission européenne avec le suivi de 24 Pfas. Celle de l’eau potable n’est par ailleurs envisagée « que » pour 2026. Quant à la surveillance des sols, elle ne sera effectuée que lors de la cessation d’activité des installations industrielles pour les secteurs « qui s’y prêtent », relève Générations futures, déplorant que les modalités de surveillance ne soient pas précisées. L’association s’inquiète également qu’aucune norme ne concerne les rejets industriels.

« Tous les espoirs d’une réduction de la pollution à la source reposent sur la proposition de restriction au niveau européen que l’on espère la plus large possible. Cependant, les délais pour sa mise en œuvre risquent d’être très longs et aucune interdiction n’est à prévoir d’ici à deux ans au moins », s’alarme François Veillerette.

E. B. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr