La série fait fureur malgré la guerre en Ukraine, en dépit de l’inflation galopante, malgré les spéculateurs de tous bords, nonobstant les ratés du moteur du nouveau gouvernement, alors que le parquet financier perquisitionne le non imposable McKinsey et les centaines de millions d’élans patriotiques de Kilian. Le groupe Orpea tient la corde. Ethiquement, profiter de la vulnérabilité de personnes âgées dépendantes, dans une entreprise profitant largement des subsides publics démontre un niveau de probité morale rarement égalé, comme le soulignent les auditeurs nationaux de la Commission parlementaire ad hoc. Et dire que le créateur du système est médecin (neuropsychiatre) émigré sous le soleil et les palmiers belges. Hippocrate doit se retourner dans sa tombe.
Orpea pour le meilleur et pour le pire ; mais c’est dans le pire que c’est le meilleur
Du temps du président de l’Arc (Association de recherche contre le cancer), Jacques Crozemarie, qui avait égaré quelques centaines de millions de francs – dans sa poche – le Canard enchainé faisait dire audit président « Vous voyez qu’on peut s’en sortir avec le cancer. » Le système Orpea qui ne date pas d’hier tant il est bien huilé est du même tonneau. A vomir, pétri qu’il est dans le cynisme, l’avidité et la lâcheté. 4.20 euros par jour pour 4 repas soit le tiers du montant moyen dépensé dans les Ehpad publics ; une soupe à l’oignon – c’est jour de fête – rectifiée sans croutons par injonction managériale. On croit rêver, pardon cauchemarder. Certains patients nous rapportent même que dans les chambres des patients on trouve des tapettes à souris et des tapis à glue (Clinea – Le Pré Saint-Gervais). Il semble que le système ait métastasé au-delà de son concurrent Orpea. En effet, le directeur général adjoint – aujourd’hui occupé à vendre des médecines plus « naturelles » - du groupe Korian, autre groupe majeur, avouait devant témoins il y a quelques années « ne jamais vouloir placer un membre de sa famille dans l’organisation dont il gérait le devenir ». L’éthique et le tact.
Le fil de la pelote jusqu’à la lie mais pour certains patients jusqu’à l’halali
L’organisation non gouvernementale Investigate Europe, forte de 79 organes de presse européens – dont Le Monde, Corriere della Sera, The Observer, Forbes, Huffington Post, La Vanguardia, Marianne, Mediapart, Newsweek, The Guardian, Die Zeit - s’est penchée sur l’organisation des dirigeants d’Orpea. Leurs découvertes dépassent l’entendement (Voir les sources en bas de page) qui démontrent le caractère systémique du montage financier.
La cellule investigation de France Info, pour sa part, (voir ici) révèle les montants des très juteux contrats personnels des dirigeants de la centrale d’achat (cise à Eloy en Suisse) et les méthodes usitées. Qu’on en juge :
Pour un tiers de temps jusqu’à 400 000 euros dont 143 000 euros de salaires et 143 000 euros de bonus) sur un contrat suisse n’incluant pas leur contrat français. L’obligation pour les fournisseurs de contribuer à des actions marketing ou « obligations spécifiques » en langage maison (sondages, ristourne forfaitaire inconditionnelle définitive et annuelle) portant sur des montants de l’ordre de 250 000 à 300 000 euros par an sur trois ans.
Médiocrité quand tu nous tiens
Orpea, même si le groupe est champion du leadership dans la manœuvre, n’est pas seul en cause. L’Etat, les départements, les ARS auront été tout contents des performances de leur « fournisseur » Orpea et surtout bien peu regardantes. Peu de contrôles, avertissements préalables, perméabilité des agents de l’Etat (ARS) vers Orpea, etc. Il est un peu facile pour les pouvoirs publics de pousser des cris d’orfraies.
Comme souvent, la Justice mettra des années à statuer, sera bien peu sévère et comme toujours les patients, en l’occurrence âgés et vulnérables, seront les dindons d’une farce macabre et pitoyable.
C’est une honte.
Laurent Fabius relate dans une interview (Si la France savait, Tout l’Histoire TV) son premier entretien au poste de ministre du Budget avec le directeur du Budget, Jean Choussat (1934-1998). Ce dernier lui présenta en tout premier lieu le dossier des risques budgétaires et la première sous chemise portant en lettres capitales (Risque budgétaire liés au budget du Handicap) illustrant les priorités de Bercy. On rappellera que la France déroge à ces obligations en matière de handicap depuis trente ans. De quoi être pessimiste sur le dossier Orpea.
Mais je chlordécone.
https://www.investigate-europe.eu/fr/2022/lipany-orpea/
https://www.investigate-europe.eu/fr/2022/dans-les-ehpad-du-groupe-orpe…
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