Plus de prévention contre le tabac et l'alcool, des efforts redoublés sur le dépistage, un plus grand accompagnement des malades et un coup de pouce à la recherche… Emmanuel Macron a détaillé ce jeudi matin les grandes lignes de la stratégie nationale qui sera déployée par l'Institut national du cancer (Inca) dans les dix ans à venir pour ramener de 150 000 à 100 000 le nombre annuel de nouveaux cas de cancer évitables.
Soutenue par un budget de 1,7 milliard d’euros pour les cinq prochaines années (20 % de plus que la somme accordée au plan 2017-2021), dont la moitié devrait aller à la recherche, cette stratégie de lutte contre le cancer est le premier plan à dix ans dont se dote la France en la matière. Une décennie qui doit « montrer l’engagement de l’État » contre la maladie et « donner de la visibilité aux acteurs » impliqués, avance-t-on à l'Élysée.
Le rêve d'une « génération sans tabac »
Estimant que chaque année, 153 000 cas de cancers seraient évitables – soit 40 % des cancers – Emmanuel Macron a évoqué son intention de voir ce chiffre tomber à moins de 100 000 d'ici à 10 ans. Pour ce faire, le gouvernement entend continuer, d'une part, à prôner une alimentation plus saine et la pratique du sport. Il compte aussi renforcer la prévention et en premier lieu du risque tabagique, « encore méconnu du grand public malgré 45 000 décès par cancer par an » et 70 000 nouveaux cas de cancer chaque année. « Je souhaite que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l'histoire récente », a affirmé le président de la République. Autre facteur de risque, l'alcool (avec un quart de cancers évitables) sera au cœur des préoccupations pour une consommation raisonnée.
Emmanuel Macron a par ailleurs insisté sur la nécessité de « redoubler d'efforts » sur le dépistage pour le rendre « à la fois accessible à tous et le plus précoce possible ». Le cancer colorectal a été cité en exemple par le chef de l'État, 7 personnes sur 10 ne se faisant pas dépister alors que « 90 % de ces cancers peuvent être guéris s'ils sont détectés à un stade précoce ».
Étendre les dépistages organisés au cancer du poumon
Le gouvernement et l'Inca souhaitent améliorer l’adhésion aux programmes existants en accroissant d'un million le nombre de dépistages annuels réalisés à l'horizon 2025 pour les trois dépistages organisés (pour les cancers du sein, colorectal et de l'utérus, 9 millions chaque année aujourd'hui). Les autorités ambitionnent également de favoriser le développement de nouveaux programmes de dépistage, notamment celui du cancer du poumon. Renforcer le dépistage implique non seulement de s'appuyer sur la recherche biomédicale, mais aussi sur la mobilisation de chercheurs en sciences humaines et sociales, dont les travaux apparaissent nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes d’adhésion aux messages de prévention et aux programmes de dépistage.
Cette première stratégie décennale contre le cancer se distingue aussi par son ambition de réduire les séquelles associées au cancer, « longtemps un angle mort », selon le chef de l'État. L'objectif affiché est de réduire de 2/3 à 1/3 la part des patients souffrant de séquelles 5 ans après un diagnostic de cancer.
Comment ? En pratique, le risque de séquelles devrait être plus systématiquement évalué individuellement avant l’initiation d’un traitement, et une importance plus grande serait accordée à la consultation de fin de traitement et de suivi régulier, etc.
Améliorer la prise en charge des cancers de mauvais pronostics
Autre enjeu prioritaire : améliorer la survie des cancers de mauvais pronostic à l’horizon 2030. « 7 localisations présentant un taux de survie à 5 ans inférieur à 33 % ont en particulier été identifiées », précise-t-on dans l'entourage du chef de l'État, parmi lesquels figurent les cancers du pancréas, du poumon, certains cancers du sein…
Le nouveau plan propose donc d'améliorer la prise en charge des cancers de mauvais pronostic. Outre la « mobilisation de crédits recherche » dans ce domaine, « il s’agit de gagner du temps sur le temps », c’est-à-dire de développer un parcours patient qui facilite le diagnostic précoce et l’orientation rapide, indique-t-on à l'Élysée.
Lors de la présentation de cette stratégie, Emmanuel Macron n'a pas manqué de rappeler que si la lutte contre le cancer avait un coût, l'accès aux soins de tous n'avait pas de prix : « Soyons fiers d'être un pays où être soigné de ce terrible mal est gratuit même quand les traitements sont coûteux », a-t-il conclu.
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