Philippe Lamoureux (Leem)
« La question de ce débat est : Faut-il lever les brevets de ces vaccins pour régler la crise sanitaire ? Existe-il une réserve infinie de matière première pour répondre à la demande ? La réponse est non. Elles nécessitent un temps de fabrication et un savoir-faire de haut niveau pour être incorporées dans le produit fini. Est-ce que la levée des brevets permet d'augmenter la production ? Non, car l'accélération de la production passe par des partenariats volontaires entre innovateurs à l'origine du vaccin et fabricants. C'est justement la garantie des droits de propriété intellectuelle qui nous a permis ce type d'accord. Les pays en développement ont besoin de soutien. Cela passe par des dons de vaccins, la multiplication de partenariats et d'accord. Près de 300 accords de partenariat incluant les transferts de technologies dans plus de deux tiers des cas ont été mis en place par l'industrie pharma depuis le début de la pandémie. Or ces accords n'auraient pas été rendus possibles sans un dispositif solide de défense de la propriété intellectuelle. Ainsi, à la fin du mois de mai, 2,2 milliards de doses ont été produites dans le monde. Nous estimons possible la production de 10 milliards de doses d'ici à la fin de l'année 2021. Ce qui permettra théoriquement de vacciner toute la population adulte mondiale. »
Richard Benarous, ancien directeur du département maladies infectieuses de l'hôpital Cochin.
« Nous n'avons pas le temps d'attendre. Il faut vacciner le plus rapidement possible. Nous sommes engagés dans une course de vitesse avec un virus qui a toujours un coup d'avance et qui a un potentiel de mutation extraordinaire. Et comment surmonter la pénurie de vaccins à laquelle nous faisons face? C'est pourquoi nous demandons pour y remédier la levée des brevets des vaccins. Car il existe une couverture vaccinale très faible dans les pays en développement. Si on continue sur cette voie, on ne pourra pas mettre fin à cette pandémie mondiale. Malgré tous les accords signés, l'industrie ne pourra produire que 6 milliards de doses d'ici à la fin de l'année, et encore c'est un maximum. La seule solution est de mobiliser l'industrie pharma en capacité de produire sous l'égide de l'OMS en concertation avec l'ensemble des acteurs. Il n'existe pas dans ces vaccins de véritable innovation technologique vaccinale. Ces innovations ont déjà été développées bien avant dans la recherche publique et ont fait l'objet de brevets bien antérieurs à la pandémie. La seule innovation véritable de ces vaccins est la séquence du virus. Or cette séquence a été identifiée très vite au début de la pandémie par les chercheurs chinois qui ne l'ont pas brevetée. Cette séquence est donc un bien public mondial et il n'y a aucune raison pour que les vaccins qui en sont issus ne soient pas considérés comme telle. »
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