Dans l’Hexagone, 95 % des adultes ne présentent pas une activité physique suffisante. 38 % sont par ailleurs exposés à des niveaux de sédentarité trop élevés. Or, les effets délétères du manque d'activité physique et de la sédentarité se cumulent. C’est ce que souligne l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses), qui publie ce 15 février une évaluation de ces risques chez les Français de 18 à 64 ans.
Une étude qui ne prend pas en compte les femmes enceintes et ménopausées
« Le manque d’activité physique est considéré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le quatrième facteur de risque de mortalité prématuré et, dans son rapport de 2008, elle estime à 3,2 millions le nombre de décès annuels prématurés attribuables à celui-ci », rappellent les auteurs du présent avis. Face à ce chiffre, l’agence s’était déjà attachée, en 2020, à préciser les risques associés au défaut d’activité physique et à la sédentarité chez les adolescents français. Restait à produire des estimations en population adulte.
Pour ce faire, l’agence s’est notamment basée sur les résultats de l’Étude individuelle et nationale sur les consommations alimentaires (Inca 3) de 2017 – qui ne s’intéressait pas qu’aux habitudes alimentaires mais aussi plus largement au mode de vie des Français. Ont été prises en compte les données correspondant à 1 355 adultes de 18 à 64 ans, hors femmes enceintes et ménopausées. L’agence s’est en outre fondée sur son propre travail de révision des repères relatifs à l’activité physique et à la sédentarité effectué en 2016.
Seuls 5 % des adultes ont une activité physique suffisante et complète
Résultat : la plupart des adultes n’atteignent pas les seuils d’activité physique suffisante. En effet, plus des deux tiers restent sous la barre des 30 minutes quotidiennes de sollicitations cardiorespiratoires (vélo, marche rapide, etc.) recommandées. Seuls 37 % des 18-64 ans effectuent ne serait-ce que 40 minutes de renforcement musculaire (porter une charge lourde, natation, aérobic, tennis, etc.) chaque semaine, alors qu’une à deux séances hebdomadaires sont recommandées. Et même, 70 % des Français pratiquent moins de 20 minutes d’assouplissements par semaine, alors que deux à trois séances hebdomadaires d’exercices de gymnastique, danse ou yoga sont préconisées. Au total, seuls 5 % des adultes pratiquent une activité physique complète suffisante, à la fois au-dessus des seuils de sollicitation cardiovasculaire, de renforcement musculaire et d’assouplissements, a déploré lors d’un point presse le Pr Irène Margaritis, chef d’unité d’évaluation des risques liés à l’alimentation.
Les Français ne s’avèrent toutefois pas égaux en matière d’activité physique. Les femmes apparaissent les plus touchées par l’inactivité, 70 % d’entre elles n’atteignant aucun des seuils d’activité. Les sujets les plus diplômés ou vivant dans l’agglomération parisienne témoignent par ailleurs de durées de sollicitations cardiorespiratoires et de renforcement musculaire moindres.
Près de 40 % des Français dépassent le seuil critique de sédentarité
Les Français se révèlent de plus trop sédentaires, c’est-à-dire trop longtemps ou trop souvent en sollicitation métabolique minimale (de moins d’1,6 fois le métabolisme de repos). De fait, 38 % des adultes resteraient assis ou allongés, par exemple devant la télévision ou un livre, voire au travail, plus de 8 heures par jour. Cette situation concernerait particulièrement les adultes jeunes (18-44 ans), qui seraient plus de 40 % à dépasser ce seuil, probablement en lien avec une utilisation accrue des écrans.
Or de tels niveaux d’inactivité ou de sédentarité exposent chacun à des risques certains pour la santé avec « des niveaux de preuve très élevés », insiste le Pr Margaritis, qui cite des effets délétères cardiovasculaires, métaboliques (syndrome métabolique, diabète de type 2, obésité), voire de cancers (cancer du sein et du côlon, notamment). Ainsi, les 27 % des adultes les moins actifs seraient exposés à une augmentation du risque de mortalité de 40 %. De même, au-delà de 8 heures de sédentarité par jour, chaque nouvelle heure passée en position assise ou allongée se solderait par une augmentation de 12 % du risque de mortalité.
L'activité physique ne compense en général pas la sédentarité
En outre, ces dangers associés à l’inactivité ou à la sédentarité se trouvent majorés en cas de cumul. « La combinaison [de ces deux situations] augmente énormément le risque », insiste le Pr Margaritis. Un constat d’autant plus inquiétant que comme le souligne un communiqué de l’Anses, plus d’un tiers des adultes seraient concernés.
Au contraire, pour que l'activité physique puisse compenser les effets de la sédentarité, des niveaux élevés d'activité doivent être atteints. Si bien que seuls 36 % des adultes présenteraient un niveau d'activité physique suffisant pour compenser les effets délétères de 8 heures de sédentarité.
Ainsi, l'agence interpelle les pouvoirs publics, pointant des risques évitables non seulement à l'échelle individuelle mais surtout collectivement. Évolution des écrans, organisation du travail, urbanisme, place du sport à l’école, etc., en fait, « c’est l’organisation même de nos modes de vies qui est à revoir », estime le Pr Margaritis.
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