4 137 signalements d’atteinte aux personnes et 920 atteintes aux biens ont eu lieu dans la psychiatrie en 2019, soit 19,4 % de l’ensemble des atteintes aux personnes signalées, selon le dernier rapport ONVS 2020. Mais le nombre de signalements est supérieur (4 371). Au niveau global, c’est une légère augmentation globale du nombre de signalements versus 2018, tant pour les atteintes aux personnes que pour les atteintes aux biens. Parmi ces atteintes, 57 % sont des violences verbales et 43 % des violences physiques. Le personnel hospitalier est victime dans plus de 8 cas sur 10. Le plus souvent, les atteintes sont liées à la pathologie des patients. Cette violence signalée s’exprime dans les unités de soins, les hôpitaux de jour, les CMP, les UMD, mais moins dans les UHSA.
Diversité des violences
Les personnels en soins psychiatriques sont victimes de multiples violences. Par exemple, des patients qui ont eu des relations conflictuelles avec des personnels de l’établissement, soignants ou non, n’hésitent pas à menacer ces derniers de représailles à leur domicile et affirmant connaître leur adresse. C’est une pratique courante retrouvée souvent dans les signalements. Autres violences, des patients peuvent dégrader totalement ou partiellement des biens comme le mobilier d’une chambre, des toilettes, ou bien menacer de déclencher un incendie ou même le faire. Consommation de drogues ou d'alcool, violence entre patients sont aussi le lot quotidien des soignants du secteur.
DATI-PTI
Pour atténuer ces passages à l’acte et la souffrance des soignants, différents dispositifs existent, mais ne sont pas toujours bien utilisés ou complètement opérationnels tels que les « conventions santé-sécurité-justice » qui permettent de mieux sécuriser les personnes et les biens. Autre moyen, les dispositifs d’alerte (DATI - PTI) rassurent les personnels et permettent une prise en charge plus apaisée des patients. Toutefois, lors de violences, l’utilisation de ces appareils de sécurité n’est pas toujours facile et le fonctionnement est parfois défectueux. Il suffit alors de l’aide d’un autre patient qui va chercher du renfort dans ces moments de crise et de tension.
Gêne à déposer plainte
Cependant, selon les auteurs du rapport, cette remarque figurant dans le rapport 2018 vaut toujours : « Il y a une gêne avérée à déposer plainte. » Pour les professionnels de psychiatrie, le sujet est délicat car « la loi du dehors doit entrer à l’hôpital psychiatrique ». Les raisons de ces réticences sont multiples, indique le rapport de 2018 : certains personnels accordent une irresponsabilité pénale aux patients. D’autres pensent que ça ne sert à rien de déposer plainte ou bien craignent des représailles s'ils le font. Enfin, certains n'ont recours à la justice qu'à la dernière extrêmité, à savoir si le patient s’en prend à leur vie privée. Au final, avec ce fossé entre le nombre réel d’actes et le nombre de signalements, il faudra encore du temps pour mieux évaluer et donc sécuriser la psychiatrie. L’après-pandémie sera-t-elle l’occasion de réaliser cette évaluation et de donner plus de moyens au secteur ?
Voir notre entretien avec Frank Bellivier, le délégué ministériel à la psychiatrie (retrouvez l'enquête complète dans notre journal DS 324)
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