Dans le cadre de ses travaux sur le surpoids et l’obésité, la Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations de bonne pratique sur le dépistage et l’accompagnement des femmes, essentiels pour une meilleure santé globale. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte d’augmentation marquée de la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la population féminine, aujourd’hui plus élevée que chez les hommes (prévalence de 44,2 % en 2015).
Les actions à mettre en place s’organisent autour de dix axes : le dépistage systématique, la non-stigmatisation, la mise en place d’un projet de soins personnalisé co-construit, la modification des habitudes de vie, le suivi gynécologique régulier, l’anticipation d’une future grossesse ainsi que son suivi, l’accompagnement post-natal, la grossesse après chirurgie bariatrique, et l’accompagnement de la périménopause et de la ménopause.
Pour rappel, la HAS a actualisé le parcours de soins du surpoids et de l’obésité en février 2024. Des recommandations thématiques et des outils pédagogiques ont également été publiés, comme des fiches sur la chirurgie bariatrique.
Consultations dédiées aux femmes et parcours de soins personnalisé
Concernant la prévention et le dépistage systématique, la HAS met en avant l’intérêt des consultations spécifiques aux femmes (gynécologie-obstétrique, sage-femme) et le rôle du médecin généraliste. Elle préconise ainsi de suivre, « au minimum annuellement », l’indice de masse corporelle et le tour de taille. Les moments opportuns : les bilans de prévention, les consultations relatives à la contraception et au dépistage des cancers, mais aussi le suivi de la grossesse ou la prise en charge de la ménopause. En périménopause et à la ménopause, la surveillance du poids est cruciale pour prévenir le risque de maladie cardiovasculaire.
La HAS met en garde contre toute stigmatisation et appelle à être attentif aux vulnérabilités sociales, psychiques, professionnelles, familiales, etc., les femmes en surpoids ou en obésité étant « plus souvent confrontées à différentes formes de stigmatisation avec des inégalités plus fortes liées à une discrimination de genre ». Un environnement et du matériel adaptés à la corpulence, « du tact », un « non-jugement » et de « l’ouverture » sont préconisés.
Afin d’éviter les ruptures de parcours, les recommandations soulignent l’importance d’une décision partagée avec la femme sur son projet de santé, une coordination des soins et des accompagnements. Le médecin généraliste doit être aux commandes de cette coordination en lien avec les spécialistes, que ce soit pour le projet de soins ou les interventions. La HAS insiste sur l’importance de la régularité du suivi gynécologique, qui est moins fréquent chez les femmes en situation d’obésité. Et rappelle que l’obésité orientera le choix de la contraception et expose à un surrisque de certains cancers.
Focus sur la grossesse
Les recommandations consacrent un focus sur la période périconceptionnelle en raison de l’influence du surpoids et de l’obésité sur la fertilité, la santé reproductive, le déroulement de la grossesse, mais aussi la santé de l’enfant, la lactation, la vulnérabilité psychique en post-partum ou encore le risque de maladie cardiovasculaire future. L’objectif est de diagnostiquer un surpoids ou une obésité en préconception, de rappeler l’importance de stabiliser son poids durant la grossesse et après, de proposer un suivi adapté, et de suivre la courbe de poids maternelle et fœtale. Il s’agit aussi d’identifier et d’accompagner les éventuels troubles du comportement alimentaire et d’assurer un accompagnement post-partum (allaitement, dépression, stabilisation du poids).
Enfin, la HAS souligne les particularités d’une grossesse après une chirurgie bariatrique, et la nécessité d’un accompagnement de la femme avant, pendant, et après la naissance de l’enfant.
Surpoids et obésité : le « Lancet » tire la sonnette d’alarme
En 2050, plus d’un adulte sur deux et un enfant ou adolescent sur trois dans le monde seront en surpoids ou en obésité. Des projections qui appellent à instaurer urgemment des réformes et actions, selon les auteurs de deux études dans le Lancet. Les signataires dénoncent de graves manquements dans la réponse à la crise de l’obésité ces trente dernières années qui ont vu la prévalence du surpoids et de l’obésité doubler en 2021, avec 2,11 milliards d’adultes et 493 millions de jeunes touchés. En Chine, en Inde, aux États-Unis, au Brésil, en Russie, au Mexique, en Indonésie et en Égypte, déjà plus d’un adulte sur deux se trouvent en surpoids ou en obésité, montre l’étude chez les adultes. Alors que l’augmentation la plus forte aura lieu sur la période 2022-2030 selon les projections, les auteurs proposent un plan d’action sur cinq ans (2025-2030) pour infléchir la courbe de l’obésité. Selon le volet sur l’enfant et l’adolescent, les jeunes garçons seront les plus concernés par l’augmentation du surpoids et de l’obésité d’ici à 2050, avec des régions Nord Afrique/Moyen-Orient et Amérique latine/Caraïbes particulièrement touchées (un jeune sur trois en surpoids ou en obésité vivra dans ces régions).
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