Santé publique France sonne de nouveau l’alerte : la coqueluche circule de façon très importante sur le territoire. Une situation épidémique qui conduit la Direction générale de la santé (DGS) à rappeler dans un DGS-Urgent l’importance de la vaccination, en particulier des femmes enceintes, en prévision de la période estivale de recrudescence saisonnière de la coqueluche et des grands rassemblements attendus avec les Jeux olympiques. D’autant que la résurgence de la coqueluche s’observe ailleurs en Europe.
Début juin 2024, les différents indicateurs de surveillance de la coqueluche suivis par Santé publique France confirment la résurgence de la maladie sur le territoire national avec des hausses importantes observées sur les dernières semaines. Déjà au cours du premier trimestre 2024 en France, plusieurs cas groupés en collectivité annonçaient un début de recrudescence dans au moins quatre régions hexagonales. En quelques semaines, ce sont sept régions (Île-de-France, Bretagne, Pays de Loire, Auvergne Rhône-Alpes, Grand-Est, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) qui déclaraient plus d’une vingtaine de clusters en collectivités (essentiellement des écoles maternelles et primaires, halte-garderie et maisons maternelles, collèges et lycées) ou familiaux.
Sur les 5 premiers mois de l'année 2024, près de 7 000 PCR positives ont été recensées (contre 518 pour toute l’année 2023), et 46 cas ont déjà été rapportés chez des nourrissons de moins de 12 mois (contre 41 cas en 2023). Le nombre de passages aux urgences, d’hospitalisations après passage aux urgences et d’actes SOS médecin pour le regroupement syndromique « coqueluche » a été multiplié par 7 entre la semaine 11 et la semaine 22.
Au mieux au 2e trimestre de grossesse
La meilleure protection contre la coqueluche repose sur la vaccination, mais « les vaccins recommandés, bien que très efficaces, induisent une protection limitée dans le temps rendant nécessaires les rappels vaccinaux », est-il rappelé dans le DGS-Urgent. Les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés (ceux âgés de moins de 2 mois), les nourrissons de moins de 6 mois et les adolescents et les adultes qui ont perdu la protection due au vaccin sont les populations les plus touchées.
La protection des nouveau-nés et jeunes nourrissons repose sur la vaccination des femmes enceintes ou de l’entourage des nouveau-nés (stratégie du cocooning). Depuis avril 2022, il est recommandé de vacciner les femmes enceintes à partir du 2e trimestre de grossesse de préférence entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, et ce pour chaque grossesse. Cette vaccination réduit de moitié les hospitalisations et de 95 % les décès liés à la coqueluche des moins de 3 mois, est-il rappelé.
La DGS insiste pour que la vaccination obligatoire des nourrissons ne soit pas différée. Pas plus que le rappel à l’âge de 6 ans avec une combinaison vaccinale tétravalente à doses entières d’anatoxines diphtériques et tétaniques et d’antigène coquelucheux (DTCaPolio : InfanrixTetra/Tétravac acellulaire) et celui à 11-13 ans avec une combinaison vaccinale tétravalente à doses réduites d’anatoxines diphtériques et tétaniques et d’antigènes coquelucheux (dTcaPolio : Boostrixtetra/Repevax disponibles).
Chez les professionnels de santé et de la petite enfance, les rappels à 25, 45 et 65 ans doivent désormais comporter la valence coquelucheuse (dTPca).
Quelles mesures mettre en place en réponse à un cas ?
La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire mais les cas sont à signaler à votre agence régionale de santé dans deux situations spécifiques :
- en cas d’infections nosocomiales ;
- lors de cas groupés (à partir de 2 cas) qu’ils soient intrafamiliaux ou en collectivités.
La confirmation microbiologique des cas repose sur l'isolement de la bactérie (culture) et surtout la détection de son matériel génétique par PCR à partir d'une aspiration ou d'un prélèvement nasopharyngé.
La mise en œuvre des mesures vis-à-vis du cas et de son entourage comprend :
- les mesures barrières (lavage des mains et port du masque) ;
- un traitement antibiotique (macrolides) ;
- l’éviction du cas pendant sa période de contagiosité (3 semaines après le début des symptômes si aucun traitement antibiotique adapté n’a été prescrit ou jusqu’au 3e ou 5e jour du traitement selon l’antibiotique choisi) ;
- la mise à jour de la vaccination de la population exposée, en utilisant bien un vaccin contenant la valence coquelucheuse (dTPca) ;
- l’antibioprophylaxie des sujets contacts proches non protégés par la vaccination (enfants non ou incomplètement vaccinés selon l’âge, enfants dont la dernière dose date de plus de 5 ans, adultes non vaccinés ou dont la vaccination remonte à plus de 5 ans) et des contacts occasionnels à risque de forme grave et non protégés par la vaccination.
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