Criblage des variants élargi, identification des cas contacts renforcée, délais d’isolement allongés… Face à la menace constituée par la diffusion des nouveaux variants du SARS-CoV-2, la Direction générale de la santé (DGS) a durci ses protocoles en début de semaine.
Si le variant britannique, qui pourrait devenir majoritaire d’ici à la mi-mars, fait craindre une accélération de l’épidémie, ce sont aussi les nouveaux virus sud-africain et brésilien qui inquiètent. Car même si leur circulation « est aujourd’hui minoritaire en France », ces variants « présentent un risque d’échappement immunitaire et vaccinal », souligne la DGS. D’où un « renforcement spécifique » des mesures visant à ralentir leur progression.
10 jours d’isolement pour les variants sud-africain et brésilien
Désormais, tout test positif (PCR et test antigénique) « doit obligatoirement faire l’objet d’une RT-PCR de criblage en seconde intention, réalisée dans un délai de 36 heures maximum ». Ce criblage doit se faire avec des kits RT-PCR « permettant de distinguer le variant britannique d’une part et les variants sud-africain et brésilien d’autre part ».
En termes de contact tracing et d’isolement, « les mesures continuent d’être déclenchées dès la réception du résultat du test de première intention, sans attendre les résultats de la RT-PCR de criblage », précise la DGS.
Mais dorénavant, les cas contacts à risque des personnes porteuses d’un variant sud-africain ou brésilien doivent bénéficier d’un test PCR dès J0, afin de démarrer sans délai les opérations de contact tracing s’il est positif. En cas de résultat positif, un criblage par une RT-PCR de seconde intention doit être réalisé. En cas de test négatif, « une attention particulière devra être portée à l’importance de bien respecter la période de quarantaine de 7 jours depuis le dernier contact à risque et à la nécessité de réaliser un test RT-PCR à J7, à l’issue de cette période ».
Autre tour de vis : pour les personnes infectées par les variants sud-africain et brésilien, la durée d’isolement est portée à 10 jours. À l’issue de cette période, un nouveau test doit être réalisé, la levée de la quarantaine étant conditionnée pour ces cas à l’obtention d’un résultat négatif. Si le test revient positif, l’isolement est prolongé de 7 jours.
Doute sur l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca
Ces nouvelles mesures interviennent dans un contexte de doute quant à l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca vis-à-vis du variant sud-africain, après la diffusion en pré-print d’une étude de l’université du Witwatersrand, à Johannesbourg.
Ce travail, réalisé auprès de 2 000 volontaires âgés en moyenne de 31 ans, suggère que ce vaccin offrirait une protection limitée (de l’ordre de 22 %) contre les formes légères à modérées de la maladie dues au variant sud-africain, chez les jeunes adultes. Il ne permet pas en revanche de statuer sur l’efficacité contre les formes graves de la maladie, les hospitalisations et les décès, la population ciblée étant à faible risque.
Sur ce point, des données récentes concernant un autre vaccin à vecteur viral, celui du laboratoire Janssen, tendent à rassurer puisqu’elles suggèrent que la protection contre les formes graves serait préservée. « Cela pourrait se vérifier pour le vaccin d’AstraZeneca qui a été développé en utilisant une technologie similaire », espère le Pr Shabir Madhi, investigateur principal de l’essai.
Pas de changement de la stratégie vaccinale française
Quoi qu’il en soit, compte tenu des incertitudes actuelles, l’Afrique du Sud a décidé dimanche de suspendre temporairement son programme de vaccination contre le Covid-19, basé sur le vaccin d’AstraZeneca.
En contre-feu, l’OMS a mis en garde mardi contre un excès de pessimisme envers le vaccin d’AstraZeneca, jugeant qu’il était « beaucoup trop tôt pour le rejeter ».
En France, tout en prenant la question au sérieux, les autorités appellent aussi à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. « ll n’y a pas lieu de changer notre stratégie vaccinale », a déclaré mardi Olivier Véran sur France Info, invitant les personnels soignants à se protéger avec le vaccin d’AstraZeneca comme il l’a fait lui-même. Concernant l’étude sud-africaine qui a mis le feu aux poudres, « c’est une petite étude, qui n’a pas été encore consultée par les scientifiques, a tempéré le ministre de la Santé, et il est actuellement très compliqué de conclure ». De plus, « 99 % des souches virales qui circulent en France métropolitaine aujourd’hui ne correspondent pas au variant sud-africain, a souligné Olivier Véran, tout en reconnaissant porter un « regard particulier sur des situations en outre-mer (comme à Mayotte notamment), où l’on peut trouver davantage le variant sud-africain ».
Le ministre de la Santé a par ailleurs rappelé que les vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna sont « efficaces contre le variant sud-africain ».
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