« Malgré différentes actions, la circulation du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) continue et le risque d’endémisation augmente, accroissant les risques sanitaires pour la population humaine ». Dans un rapport rendu public le 12 juin, le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) revient sur la problématique de la grippe aviaire et ses dangers potentiels pour l'homme.
« Nous ne crions pas au loup et nous ne sommes pas en train de dire que le risque pandémique est pour demain, mais nous alertons sur la persistance de la circulation dans la faune sauvage et, de ce fait, dans la faune domestique, de ce virus et sur l’augmentation du risque statistique de transmission à l’homme » a expliqué la Pr Brigitte Autran, présidente du Covars, lors de la présentation du rapport à la presse.
Après une crise sanitaire importante dans le monde vétérinaire en 2021-2022, l’épizootie semblait pourtant avoir marqué le pas et en mars 2023 le ministère de l’Agriculture avait même abaissé le niveau de risque passé d’« élevé » à « modéré ». Mais depuis « de nouveaux foyers sont apparus dans les élevages du Sud-ouest, souligne le rapport, ramenant le sujet de l’IAHP au premier plan des risques sanitaires ».
Des évolutions épidémiologiques notables
Et comme le souligne Thierry Lefrançois, co-pilote de l'avis, « un certain nombre d’observations renforcent le niveau de risque pour la santé publique et en particulier pour l’homme ».
Premier constat, alors que traditionnellement la grippe aviaire sévit de façon saisonnière, avec une pause estivale, « on observe depuis 2021 une circulation continue de l'Influenza aviaire, souligne le vétérinaire. Par ailleurs, outre l’augmentation du nombre de cas en élevage, on assiste actuellement à la diversification des espèces d’oiseaux sauvages touchées « qui témoigne d’une adaptation du virus à différentes espèces et une augmentation des réservoirs ». Même si pour le moment leur nombre reste restreint, les experts pointent aussi l’augmentation des cas chez les mammifères.
Autant d’éléments qui incitent à la vigilance « bien qu’il n’y ait encore eu aucun cas avéré de transmission interhumaine de grippe aviaire », insistent les experts. Si plusieurs cas ont déjà été recensés chez l’homme, tous résultaient en effet d’un contact étroit entre les personnes infectées et un animal malade. « Si on regarde les chiffres de ces dernières années, de 2003 à 2022 on a répertorié 873 cas humains de grippe aviaire associés à une mortalité élevée avec 458 décès, précise le Pr Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux. Mais ces données ont été relevées de manière passive et on peut imaginer que le nombre réel de cas est plus élevé ».
Les professionnels exposés appelés à se vacciner... contre la grippe saisonnière
Dans ce contexte, et alors qu’il semble désormais acquis que « l’IAHP ne peut pas être éradiqué à ce jour du fait de l’immensité et de la diversité de son réservoir », le Covars fait plusieurs recommandations pour circonscrire au maximum les risques dans une approche One-Health. Le comité appelle notamment à muscler les actions pour « la vaccination, les mesures préventives à appliquer dans les élevages, la surveillance animale et humaine, les financements de recherche sur la grippe aviaire et l'IAHP ».
Concernant la vaccination, une campagne ciblant les canards d’élevage devrait débuter à l’automne. Par contre, « qu’il s’agisse de personnels exposés à un risque potentiel, ou de population générale, aucune vaccination contre la grippe aviaire n’est actuellement proposée chez l’homme ».
En revanche, le Covars insiste sur la vaccination contre la grippe saisonnière des professionnels exposés aux virus porcins et aviaires (éleveurs, vétérinaires, techniciens), déjà préconisée par l’Anses et la HAS. L’objectif est d’éviter au maximum la co-infection d’un individu par un virus aviaire et un virus humain pour ne pas favoriser l’apparition de réassortiment génétique des virus influenza aviaires qui pourrait favoriser la transmission interhumaine.
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