« FILES D’ATTENTE », « dessous de table », « vétusté », « corruption ». Autant pour le système de santé hellène ! Et le compliment est décerné de l’intérieur, par une endocrinologue athénienne et par un chirurgien gréco-libanais qui exerce depuis trois ans en France. Sur le diagnostic, nos deux médecins sont d’accord : le système de santé de la Grèce est malade. Et sans creuser jusqu’aux causes politiques de l’infection, chacun relève les mêmes symptômes.
Il y a pour commencer la crise récente et spectaculaire de l’approvisionnement des hôpitaux et des dispensaires. Des produits d’usage quotidiens se sont mis à faire défaut. « Plus de gaze, plus de prothèses, les gens ne sont pas toujours payées, les gardes ne sont pas systématiquement réglées », constate l’endocrinologue. Que s’est-il passé ? Du côté du matériel, elle répond, sibylline, qu’ « entre l’achat des produits et leur arrivée dans les hôpitaux, il y a beaucoup d’intermédiaires… » Quant aux salaires, c’est une des épines du système de santé grec. « Dans le secteur public, les médecins ne sont pas bien payés, alors il y a des dessous-de-table. »« Cette habitude de faire passer de l’argent en cachette, c’est presque une coutume ! », renchérit le chirurgien. Alors que pour les soins non urgents, les files d’attente sont nombreuses - « interminables », commente notre Athénienne - en Grèce, la pratique du dessous-de-table trouve un terreau formidable. « On paye pour que son dossier se retrouve au-dessus de la pile. » Logique. « Le système de santé public grec, c’est un peu comme le tiers-monde. La Grèce, c’est l’Europe, mais pas dans ce domaine ! », assène, sans appel, le chirurgien qui préfère de loin exercer en France. L’endocrinologue, elle, insiste sur la vétusté de certaines installations : « L’offre hôtelière de nos hôpitaux est terrible, incroyable. C’est très, très mauvais, on se croirait dans un pays sous-développé parfois. »
Pratiques très commerciales.
Les cliniques privées (vers lesquelles, faute de place, les patients sont souvent obligés de s’orienter) sauvent-elles la mise ? À en croire nos témoins, pas vraiment. D’abord, « les soins y coûtent très cher ». Ensuite, la médecine qui se pratique dans des établissements dont les praticiens sont actionnaires ne serait « pas toujours bonne ». « Le profit est un objectif », « c’est très commercial », expliquent nos médecins. Conséquences : « il peut y avoir multiplication d’examens pas toujours nécessaires » ; « des interventions peuvent être repoussées pour devenir un peu plus rentables ».
Qu’ils soient publics ou privés, les soins, en Grèce, « ne sont pas accessibles à tout le monde ». « Une consultation, des examens complémentaires… tout est trop cher par rapport au niveau de vie de la Grèce. ». Quand il exerçait dans le Péloponnèse, notre chirurgien a vu des gens « vendre un terrain pour s’offrir une intervention ». À Athènes, notre témoin préfère voir la bouteille à moitié pleine. « Notre système n’est pas bon mais par rapport à ce qui a pu se produire en Angleterre ou si on se compare aux faiblesses américaines, nous ne sommes quand même pas si mal. Ici, s’il y a vraiment une nécessité, les gens sont soignés. Il n’y a pas de perte de chance. En Grèce, que ce soit pour l’éducation de nos enfants ou pour notre santé, on se débrouille toujours pour avoir ce qu’il faut ! »
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