Alors que l’épidémie repart à la hausse en France, une étude de l’AP-HP publiée mercredi revient sur la pertinence du suivi à domicile de certains patients oxygéno-requérants. Elle suggère qu’une sortie d’hôpital précoce avec mesure de la saturation trois fois par jour et contact journalier avec un médecin télésurveillant peut être proposée sans perte de chance à certains patients Covid-19 encore sous oxygène.
Ce travail paru dans la revue Frontiers in Medicine s’est penché sur les patients de la cohorte Covidom* ayant bénéficié du dispositif de prise en charge à domicile Covid-O2. Ce dernier a été mis en place par l’AP-HP afin de proposer un circuit de sortie d’hospitalisation sous oxygénothérapie sécurisé à certains malades.
« L’objectif de ce dispositif était double, précise l’AP-HP dans un communiqué. D’une part, pouvoir libérer les lits occupés par des patients hospitalisés dont l’état de santé s’était suffisamment amélioré pour qu’un retour à domicile en toute sécurité soit envisageable avec oxygène, mesure de la saturation trois fois par jour et contact journalier avec un médecin télésurveillant. D’autre part, offrir à ces patients de meilleures conditions de convalescence en quittant dès que possible l’enceinte hospitalière pour retrouver un environnement familier et, sous réserve des mesures de confinement et gestes barrières, un contact facilité avec leurs proches. »
Outre le monitoring à distance de la saturation, les patients entrés dans le dispositif devaient remplir, jusqu'à l'arrêt de l'oxygénothérapie, des questionnaires de suivi quotidien qui déclenchaient différents types d’interventions (avis médical, adressage à un praticien ou hospitalisation) selon les réponses et le niveau d’alerte éventuel. Ils étaient appelés (au moins) quotidiennement par un médecin expert de la cellule COVID O2.
Aucun décès ni hospitalisation en urgence
L’étude a inclus de façon rétrospective l’ensemble des patients ayant bénéficié de ce suivi via la plateforme Covidom du 21 mars au 21 juin 202, soit 73 patients.
L’âge médian de ces patients était de 62 ans et 64,4 % étaient de sexe masculin. Au total 67 % des patients présentaient des facteurs de risque de Covid sévère dont HTA (35,6 %), diabète (15,1 %) et néoplasie active (11,0 %).
Sur l’ensemble de la cohorte, 26 % des patients avaient nécessité préalablement une prise en charge en soins intensifs.
La durée médiane d’oxygénothérapie à domicile était de 20 jours. Aucun décès ni hospitalisation en urgence n’ont été à déplorer. À six mois de l’inclusion la qualité de vie mesurée par le score EQ5D était satisfaisante et les patients ne présentaient plus de dyspnée mesurée par le score MRC (Medical Council Research). Cinq patients sont secondairement décédés sans lien avec le COVID.
Ainsi, cette étude préliminaire, a démontré qu’il était possible « de faire sortir en toute sécurité les patients nécessitant une oxygénothérapie nasale à faible débit après Covid19 », concluent les auteurs tout en soulignant que les patients inclus « étaient soigneusement surveillés quotidiennement par la télémédecine et des médecins experts ».
Alléger la pression sur l'hôpital
Quoi qu’il en soit, « cette gestion peut avoir contribué à alléger la pression sur des lits désespérément nécessaires ». Au total, sur les trois vagues, Covid-O2 a pris en charge 381 patients et permis d’éviter 7 005 journées d’hospitalisation, soit « l’équivalent de l’activité d’un service de 30 lits pendant sept mois », indique l’AP-HP. « Ceci a été rendu possible grâce à la mobilisation d’une équipe d’une trentaine de médecins retraités bénévoles emmenée par le Pr Jean-Yves Artigou. »
Au-delà du dispositif Covid-O2, la HAS avait ouvert de façon plus large la porte au suivi en ville de patients oxygéno-requérants en publiant des recommandations spécifiques en novembre 2020.
*Covidom est une application de e-santé mise en œuvre par l’AP-HP qui permet aux patients de bénéficier d’un télésuivi à domicile via des questionnaires médicaux, et le cas échéant de contacts téléphoniques avec les opérateurs d’une plateforme de télésurveillance régionale médicalisée
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